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LE PRIX ET LE LOYER
DES MAISONS EN FRANCE
DEPUIS LE MOYEN AGE JUSQU'Á NOS JOURS

PREMIERE PARTIE


I

L’histoire de la propriété urbaine est peut-être plus difficile à écrire que celle de la propriété rurale, précédemment esquissée par nous dans la Revue[1]. Quelques différences que puissent présenter entre eux, selon leur fertilité et leur situation, deux hectares de terre, un champ est toujours un champ, un bois est toujours un bois. On les exploite, on les cultive avec plus ou moins de science et de facilité, selon les progrès de la civilisation. On en tire plus ou moins de produits, mais ces produits sont les mêmes aujourd’hui que sous saint Louis. Le sac de blé, la charrette de foin que l’on y récolte, n’ont pas varié depuis six cents ans ; ce sont des marchandises identiques, de tout point comparables les unes aux autres.

Il n’en est pas de même des maisons, ni des villes où elles sont groupées quand il s’agit de constructions citadines. Les villes du moyen âge, aux rues étroites, tortueuses et sales, sans eau, sans égouts, sans lumière et sans air, ne ressemblent en rien à celles

  1. Voyez, dans la Revue du 15 août 1893, la Valeur et le Revenu des terres.