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L’AFRIQUE ROMAINE

PROMENADES ARCHÉOLOGIQUES EN ALGÉRIE ET EN TUNISIE

III.[1]
L’ADMINISTRATION ET L’ARMÉE


I

Ce n’était pas tout de détruire Carthage, il fallait l’empêcher de renaître. Scipion, après l’avoir rasée, fit prononcer par des prêtres des imprécations solennelles contre celui qui se permettrait de la rebâtir. Mais les imprécations ne suffisaient pas. Pour décourager à jamais ce qui restait de Carthaginois en Afrique, on eut recours à des moyens plus efficaces : Rome dut se décider à occuper le pays qu’elle venait de conquérir ; il serait plus juste de dire qu’elle s’y résigna, car il semble qu’elle l’ait fait sans empressement et comme de mauvaise grâce. Elle ne prit pays du territoire ennemi tout ce qu’elle en pouvait prendre, et se restreignit autant que possible. La nouvelle province s’étendit seulement de Thabraca (Tabarca) à Thenæ (Henchir-Tina), et l’on eut soin de creuser un fossé entre ces deux villes, comme pour indiquer que c’était la frontière définitive des possessions

  1. Voyez la Revue du 15 janvier et du 15 février.