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Mais M. Gamazo, qui paraissait mettre ici la charrue devant les bœufs, aurait voulu, avant d’accorder aux compagnies ce qui leur est nécessaire, que les personnalités financières qui les dirigent, assurassent préalablement le placement des emprunts, tant intérieur qu’extérieur, dont le gouvernement a besoin. Comme les souscripteurs possibles de ces emprunts sont précisément les mêmes qui ont employé leurs capitaux en actions et obligations de chemins de fer espagnols, ils tiendraient, avant d’ouvrir à nouveau leur bourse, à être suffisamment fixés sur l’avenir des fonds qui en sont déjà sortis.

Devant l’impossibilité où ils se sont vus de se mettre d’accord et de sortir de ce cercle vicieux, les ministres ont démissionné et la reine a chargé M. Sagasta de former un nouveau cabinet. Il y est parvenu en sacrifiant la plupart de ses collègues, notamment MM. Gamazo et Maura, et en confiant à son neveu, M. Amos Salvador, le portefeuille des finances. Il est probable que le ministère renouvelé rencontrera aux Cortès, convoquées pour le 26 de ce mois, une majorité suffisante. En effet, parmi les adversaires des hommes actuellement au pouvoir, les uns, à gauche, sont plus divisés que jamais, depuis la rupture récente entre les trois groupes de l’union républicaine, dont chacun a repris sa liberté d’action ; les autres, à droite, partagés entre les deux chefs du parti conservateur, MM. Canovas et Silvela, ont besoin d’une longue réorganisation avant de pouvoir songer de nouveau à occuper la scène politique.


Vte G. D’AVENEL.


Paris, le 10 mars 1894.

Monsieur le Directeur,

Absent de Paris pendant que j’écrivais ma dernière chronique sur les revues allemandes, je ne sais comment il a pu m’arriver d’oublier que le livre du colonel Henri de Ponchalon, Souvenirs de guerre (1870-71), avait paru, l’année passée, chez l’éditeur militaire Charles-Lavauzelle. Il en est même, aujourd’hui, à sa douzième édition.

Vous penserez sans doute comme moi qu’il y a quelque courtoisie de la part de la Revue des Deux Mondes à réparer, sans attendre davantage, une erreur, insignifiante en elle-même, mais qui pourrait pourtant avoir de quoi peiner un vaillant soldat.

Je vous prie, Monsieur le Directeur, de recevoir l’assurance de mes meilleurs sentimens.

T. DE WYZEWA.


Le Directeur-gérant, F. BRUNETIERE.