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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : Cabotins ! comédie en quatre actes en prose, par M. Édouard Pailleron. — Gymnase : Famille, comédie en trois actes en prose, par M. Aug. Germain. — Théâtre-Libre : Une Journée parlementaire, comédie en trois actes en prose, par M. Maurice Barrès. — Odéon : Yanthis, pièce en quatre actes en vers, par M. Jean Lorrain. — Renaissance : Izéyl, pièce en quatre actes en vers, par MM. Armand Silvestre et Eugène Morand.

On sait quelle est, depuis plusieurs années, la médiocrité des œuvres représentées sur notre théâtre. Si nous le constatons, après tout le monde, ce n’est pas pour conclure que l’attention doive se détourner du mouvement dramatique contemporain. Bien au contraire. Nul autre genre n’est aujourd’hui plus intéressant à étudier. C’est un genre en transformation où certaines tendances sont en train de mourir et d’autres s’essaient à naître. Nulle part ailleurs les discussions théoriques ne sont plus vives et les projets de réforme ne s’annoncent plus bruyamment. Une jeune école, dont les représentans ne grisonnent pas tous, a juré de débarrasser la scène des conventions qui l’encombrent, et généralement de toute espèce de conventions. Trop est trop. Il y aura toujours des conventions en art. Il est vrai seulement qu’un moment vient où le besoin se fait sentir de changer de conventions. Le système qui, fortement constitué vers le milieu de ce siècle, nous a valu un riche développement de la comédie de mœurs, semble désormais un système usé. Ceux qui le rejettent ont raison, et nous sommes avec eux. Nous n’avons garde sur ce point d’être de l’avis de M. Dumas et de croire avec lui qu’il n’y ait qu’un moyen de faire les pièces de théâtre, comme il n’y en a qu’un pour faire les enfans. En littérature c’est la loi qu’il faille sans cesse renouveler les procédés. — J’ajoute qu’il n’est pas de genre où la critique ait un rôle plus important à jouer et plus efficace. Car on ne peut rien faire au théâtre