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J.-M. CHARCOT
ET SON ŒUVRE


Il est peu d’hommes, quel que soit leur mérite, qui aient eu la bonne fortune de jouir d’une réputation indiscutée. Si ceux qui ont acquis leur renommée en suivant les voies les plus pures de la science, de l’art, ou des lettres n’échappent pas aux dangers d’une admiration excessive ou d’un dénigrement injuste, les risques augmentent pour ceux qui ont acquis assez de puissance pour distribuer des faveurs et pour inspirer la crainte. Charcot n’était pas seulement un savant en possession de toutes les distinctions qui pouvaient augmenter son autorité ; ce n’était pas seulement un chef d’école puissant, c’était un médecin : s’il a joui de l’admiration de ses élèves, s’il a pu s’entendre comparer aux plus grands génies, les critiques et même les attaques les plus violentes ne lui ont pas manqué.

Les biologistes qui ont assisté au développement de son œuvre n’hésitent guère dans leur jugement. Il n’en est peut-être pas de même de ceux dont les études se sont désintéressées des sciences médicales ; pour eux une revue succincte de sa carrière ne sera pas, nous l’espérons du moins, sans intérêt.

Charcot (Jean-Martin), né à Paris le 29 novembre 1825, commença ses études médicales en 1844, et fut reçu interne des hôpitaux en 1848. Il fut chef de clinique médicale en 1853, médecin du bureau central en 1856, agrégé de la Faculté en 1860. La même année, en 1872, il devint membre de l’Académie de médecine et professeur d’anatomie pathologique à la Faculté. En 1882, il fondait la clinique des maladies nerveuses à la Salpêtrière ; et il