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discuter les conditions de l’adhésion de ces États à l’alliance de l’Allemagne du Nord. » Comme on le voit, il n’est pas encore question de l’Empire d’Allemagne ; mais déjà toutes les autres conséquences de la victoire désormais inévitable sont prévues et réglées.

« Versailles, 24 octobre. — On ne croit pas pouvoir commencer le bombardement avant le 4 ou le 5 novembre : ce retard est dû à des motifs d’ordre militaire, et nullement au désir de ménager la Russie ou à la crainte d’endommager Paris. On est en pleine activité, soyez-en sûr ; mais, pour Dieu, pas d’impatience !

« Versailles, 30 octobre. — Ce matin, Thiers est venu ici, venant de Tours. Il considère comme absolument indispensable de faire la paix tout de suite. C’est dans cette intention qu’il est parti pour Paris. Dès que son arrivée ici a été connue, la foule a entouré son hôtel, avec des cris de : Vive la paix ! »

C’est seulement dans les derniers jours de février de l’année suivante, on le sait, que la paix a été signée. Pendant quatre mois encore, Wilmowski a assisté, jour par jour, à ce lent et terrible épuisement d’une ville et d’une nation. Mais la dernière partie de ses Lettres de campagne n’a pas encore été publiée, et d’ailleurs il est temps que je quitte ce sujet pour dire encore quelques mots d’autres articles de politique et d’histoire, récemment parus dans les revues allemandes.

Je ne puis cependant omettre de signaler, comme pendant aux Lettres de campagne de Wilmowski, les Souvenirs de 1870-1871, d’un officier français, Henri de Ponchalon, que vient de publier, en six grandes livraisons, une revue militaire allemande, les Nouvelles Feuilles militaires (juillet à janvier). Ces souvenirs, naturellement, sont traduits du français, mais je ne crois pas qu’ils aient jamais été publiés chez nous, et je dois ajouter que, tant au point de vue de l’histoire qu’à celui de la littérature, il n’y a point grand dommage à ce que nous en ayons été privés. L’auteur était un excellent homme, un patriote ardent et, sans doute, un officier très zélé, mais le talent de l’écrivain n’était point entre ceux qu’il avait.


Dans la revue du professeur Delbrück, Preussische Jahrbücher, plusieurs articles politiques mériteraient d’être cités ; notamment les deux articles du comte Paul de Hœnsbrœch sur les Jésuites, et trois articles anonymes sur l’Empire d’Allemagne et les Polonais. Le comte de Hœnsbrœch est ce jésuite qui, récemment, a rompu avec son ordre, et ouvert contre lui une campagne acharnée. C’est précisément dans les Preussische Jahrbücher qu’il a publié les pièces principales de son réquisitoire ; et je dois avouer que pas une d’elles ne m’a paru aussi fâcheuse pour l’ordre des jésuites que pour le comte de Hœnsbrœch lui-même, qui aurait eu meilleure grâce à s’abstenir de semblables dénonciations. Les