Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 121.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’origine, substituées aux ports francs dont la disparition était imposée par le besoin d’uniformiser notre législation ; mais, dès leur création, on s’est préoccupé de leur assurer les mêmes privilèges ; et les modifications que leur régime a subies ont eu, toutes, pour objet de rendre ces privilèges plus complets.

Considérons les avantages inappréciables qu’ils procurent :

La marchandise étrangère entre dans nos ports pour y être mise en magasin, sous le régime de l’entrepôt. Le navire qui l’importe va recevoir le fret convenu, et, quel que soit son pavillon, on peut être assuré qu’il dépensera le tiers au moins de son fret au lieu d’importation. C’est un premier produit fort intéressant pour les industries qui s’exercent dans ce lieu, et aussi pour l’Etat, qui perçoit de ces industries des taxes sous diverses formes. En outre, la marchandise est manutentionnée sur le quai et transportée en magasin par la main-d’œuvre nationale. Enfin, pendant son séjour en magasin, elle acquittera un loyer et des assurances au profit du revenu national, sans compter les soins en magasin que vont lui donner des ouvriers français. Déposée sur notre territoire, elle est à la disposition du marché français, qui peut y trouver, soit pour son industrie, soit pour ses consommateurs, des ressources souvent précieuses. Si le marché français n’a pas à y recourir, la marchandise, ainsi déposée en entrepôt, en sortira après un séjour plus ou moins prolongé, pour être réexportée par voie de mer ou expédiée en transit. Dans ces deux cas, c’est encore la main-d’œuvre française qui va déplacer la marchandise. C’est un nouveau fret perçu le plus souvent au profit du pavillon national, ou une expédition par nos compagnies de chemins de fer, et à leur profit, jusqu’à la frontière étrangère.

Qui peut contester les avantages de tous genres que ces multiples opérations constituent ? L’esprit le plus ombrageux, le plus défiant, peut-il être amené à découvrir, dans aucune de ces opérations, une atteinte, si minime qu’elle soit, portée aux principes qui empêchent le contact entre la marchandise étrangère et le marché français ?

En ce qui concerne l’admission temporaire, la question est bien plus importante encore, car la réglementation actuelle a pour objet d’assurer non seulement le transport et la manutention de la marchandise étrangère par le travail français, mais son élaboration par la main-d’œuvre nationale et au profit de l’industrie française, sans que le marché intérieur subisse le moindre dom mage. Aux avantages qui résultent de la faculté d’entrepôt, tels qu’ils ont été décrits, vient donc s’ajouter la transformation en produit fabriqué de la denrée que l’étranger nous a livrée à l’état brut.