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J’ai dit Élizabeth la sœur de Louis seize
Brodant son tapis noir où son pleur vient courir,
Et brochant de vertus son âme qui s’apaise,
Et consent à sourire aux veilles de mourir.

Je dis l’Élizabeth de ces trois reines reine,
Celle par qui nos maux sont toujours adoucis ;
Mieux que l’une brillante, et que l’autre sereine,
Et qui change en rosiers les plus jaunes soucis !


III.


EFFEUILLAISON


Le pétale de rose est en forme de cœur.
Alors, aux Fêtes-Dieu, l’art de l’enfant de chœur
Le disperse au-devant des processions lentes,
Sous l’encens floconneux, près des cires croulantes
Sur le sentier ouaté d’une moite langueur.

Procession ! mot d’or qui brûla notre enfance,
Au feu retentissant des encensoirs sacrés :
L’officiant, en chape, au seuil du dais s’avance,
Et sous l’écharpe blanche aux plissemens nacrés.

L’écharpe, interposée entre les doigts du prêtre, —
Pourtant bénis. — et le métal de l’ostensoir…
Procession ! ton nom m’a fait réapparaître
Le ruban du cortège allant au reposoir.

Les seuils se sont voilés de draps en bise toile
Où mainte fleur s’épingle avec un air penché ;
Le feu de chaque cierge au loin semble une étoile
Près du Saint-Sacrement, soleil demi-caché.