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L’AMBASSADE
DU
GÉNÉRAL JUNOT À LISBONNE
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS[1]


I

Bien avant que le système continental fût devenu la base de la politique extérieure de Napoléon, la situation du Portugal et ses intimes relations avec le cabinet de Londres avaient préoccupé le Directoire et le Premier consul. La cour de Lisbonne était commercialement inféodée à l’Angleterre ? depuis le traité de 1703 ; les efforts du marquis de Pombal pour relever et affranchir l’industrie nationale n’avaient pas amené de résultats durables : accoutumé par une longue tradition et disposé par des sympathies indéniables à suivre l’impulsion anglaise, le gouvernement portugais avait pris parti contre nous dans les guerres qui ont suivi la Révolution : le prince régent, qui administrait le pays depuis que la folie de la reine D. Maria, sa mère, avait été constatée par les Cortès, restait fermement attaché aux principes de l’ancien régime ; son armée avait paru sur les Pyrénées, sa flotte s’était unie aux

  1. Les dépêches envoyées par le général Junot à l’empereur et à M. de Talleyrand pendant son ambassade appartiennent à nos Archives des Affaires étrangères. (Portugal, V. 125, 1805) et à nos Archives nationales, sous la cote 1515, sécrétairerie d’État. Les lettres de l’empereur à Junot ont été publiées dans la Correspondance de Napoléon, tomes X et XI.