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VII

Ils louèrent une maison appelée l’Octogone, appartenant au colonel Taylor, et c’est là que le président signa le traité de Gand qui mettait fin à la guerre contre l’Angleterre ; ils s’installèrent ensuite dans un bâtiment qui avait été précédemment occupé par le département du Trésor. La Maison-Blanche ne fut remise en état que pour l’époque où Monroe recueillit la succession présidentielle de Madison.

Toutes ces misères furent promptement oubliées après la paix, et surtout après la nouvelle de la brillante victoire du général Jackson à la Nouvelle-Orléans. La petite cour de « lady Madison » fut en 1816 de nouveau très brillante. Avec le grand juge Marshall on y voyait les commissaires du traité de Gand, Gallatin, Bayard, Clay, Russell, les majors généraux de la guerre, Brown, Gaines, Scott, Ripley, en grand costume, avec leurs aides de camp. Toutes les passions politiques étaient apaisées, les animosités éteintes ; fédéralistes et démocrates frayaient sur un pied de cordialité. À ces réunions figurait encore sir Charles Bagot, le nouveau ministre anglais, très populaire. C’est lui qui déclara un jour que la présidente avait dans toute sa personne l’air d’une reine (every inch a queen).

Ce n’est pas sans regret que Mrs Madison se prépara, dans l’hiver de 1816 à 1817, à quitter Washington, où elle avait vécu seize années, associée aux premières destinées de cette capitale, où elle avait si obstinément travaillé à créer un milieu et des traditions de sociabilité.

On ne la laissa pas partir immédiatement après l’installation du nouveau président, James Monroe. Il lui fallut, avec son mari, assister à plusieurs réunions organisées en leur honneur. Enfin, ils regagnèrent une dernière fois, et pour n’en plus revenir, le domaine de Montpelier[1], où ils allaient s’enfermer pour de longues années, avec les souvenirs de l’Amérique jeffersonienne.


VIII

L’aspect de la cité fédérale ne s’était guère modifié depuis le temps où Jefferson, pour l’inauguration de sa première

  1. Montpelier était un séjour fort agréable. M. Madison, qui avait alors soixante-six ans, s’y adonna à l’agriculture avec cette même application consciencieuse et tenace qu’il avait consacrée naguère aux affaires publiques. Mrs Madison, devenue campagnarde, s’organisa, sur cette terre de mille hectares adossée au flanc des montagnes Bleues et peuplée de nègres, une petite royauté très active, qui ne connut jamais ni troubles ni révolutions, fondée sur l’adoration universelle des sujets petits et grands. Elle survécut quatorze ans à M. Madison et s’éteignit à 86 ans, en 1856.