femmes et leurs filles. Mrs Madison redoubla d’efforts pour empêcher les querelles violentes des partis de franchir la porte de l’Executive Mansion. La tâche était malaisée. Lorsque le président eut acquis la correspondance de l’agent canadien Henry et livré au public, en mars 1812, ces papiers qui révélaient d’étranges pourparlers entre les autorités britanniques du Canada et les hommes d’Etat du Nord-Est, les fédéralistes furieux s’abstinrent de toute visite chez « lady Madison », comme on appelait dès lors la présidente. Les républicains, pour narguer leurs adversaires, vinrent en foule chez le président, les 25 et 26 mars. Ce que voyant, les fédéralistes cessèrent de bouder, à la grande satisfaction de leur hôtesse, désolée de ce petit essai de sécession sociale.
Après la déclaration de guerre et les premiers revers sur la frontière septentrionale, le président eut à subir de virulentes récriminations. Une dame fédéraliste fit un jour arrêter sa voiture devant la porte de la maison présidentielle, se dressa debout, déroula sa chevelure, qu’elle avait, dit-on, très belle et très longue, et du ton le plus exalté se déclara prête à la sacrifier pour en faire une corde qui servirait à pendre M. Madison. Les succès sur mer apportèrent quelque adoucissement à l’amertume de ces épreuves. C’est au milieu d’un bal officiel qu’arriva la nouvelle de la victoire de Decatur sur une frégate anglaise. L’officier qui l’apportait déposa aux pieds de « lady Madison » le pavillon britannique si glorieusement conquis.
Avec l’année 1813 surgirent de nouvelles craintes. On n’attaquait plus, et la défensive n’était pas toujours heureuse. Dès cette année les escadres de l’ennemi pillèrent les rivages virginiens et menacèrent même Washington.
Le 12 mai de cette année, Mrs Madison écrit à son cousin, Edouard Coles, secrétaire du président : «… Vous dirai-je maintenant les craintes et les alarmes qui m’entourent ? Pendant la semaine dernière toute la ville et Georgetown (le cabinet excepté) s’attendaient à une visite de l’ennemi, et ne ménageaient point les expressions de terreur et de reproche. Hier un exprès est venu annoncer l’apparition d’une frégate à l’embouchure du Potomac… On fait de grands préparatifs de défense. Le fort est en réparation, et cinq cents hommes de milice, avec autant de réguliers, campent près du moulin à vent sur l’esplanade. J’aperçois vingt tentes, et cette vue me plaît, car, toute quakeresse que je suis, je pense