On a beaucoup écrit depuis une demi-douzaine d’années sur la coopération. Les ouvrages à ce sujet pullulent en France, en Angleterre, en Amérique. Dans le désir d’une palingénésie qui séduit nombre de cerveaux, il n’est pas étonnant que l’association coopérative libre apparaisse à certains chercheurs comme destinée à transformer complètement la société. Cette solution mitoyenne entre l’organisation actuelle, taxée d’individualisme et de dureté, et l’inexorable et impraticable système collectiviste des socialistes allemands, exerce une fascination sur les esprits bienveillans qui craignent la servitude socialiste et aspirent à un millenium où, dans la distribution des richesses, rien ne froisserait plus l’âme humaine.
La coopération a été un fait avant de devenir un système. Le fait provenait de l’énergie exceptionnelle de certains hommes placés dans une humble situation. Le système procède d’une pensée tout égalitaire ; il met nettement le travail au-dessus du capital, c’est-à-dire les travailleurs manuels, considérés collectivement,