Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 120.djvu/687

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




POÉSIE



____________



HYMNES ORPHIQUES




PARFUM DES NYMPHES


LES AROMATES


Nymphes ! race du Fleuve éternel qui déroule
Autour de l’Univers son murmure et sa houle !
Vierges aux corps subtils fluant sous les roseaux,
Vous qu’éveille le chant auroral des oiseaux,
Et qui vous reposez au fond des sources fraîches
Où midi rayonnant trempe l’or de ses flèches !
Et vous, Reines des bois, Âmes des chênes verts,
Et vous qui, sur les monts hantés par les hivers,
De vos célestes pieds plus étincelans qu’elles
Frôlez sans y toucher les neiges immortelles !
Bruits furtifs, doux échos, soupirs, parfums vivans,
Vous, que de fleurs en fleurs porte l’aile des vents,
Qui, versant de vos yeux, en perles irisées,
Aux feuillages berceurs les limpides rosées,
Faites, du souffle pur de vos rires légers,
Sonner la double flûte aux lèvres des bergers ;
Joie et charme des eaux, des prés et des collines,
Salut ! Je vous salue, ô Visions divines !