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l’Afrique. Déjà à plusieurs reprises, en 1872, 1877, 1881, 1882, 1885, 1890 et en 1891, grâce aux mesures prescrites et à leur bonne exécution, le conseil international d’Alexandrie a pu préserver l’Égypte et l’Europe contre le choléra qui s’était développé à la Mecque. Mais la situation acquise par l’Angleterre en Égypte a créé des difficultés qu’il ne faut pas méconnaître. Les doctrines sanitaires de l’Angleterre sont connues. Jusqu’ici le Conseil international d’Alexandrie a résisté aux tentatives de désorganisation et d’absorption. Toutes les puissances européennes ont le plus grand intérêt à se défendre contre l’importation des maladies exotiques d’origine orientale. Quelles garanties nous resterait-il si l’administration sanitaire internationale d’Égypte devenait une administration anglaise ? Telle est la question qui pouvait se poser d’un jour à l’autre. Elle a été réglée, espérons que ce sera définitif, à Venise. Le conseil d’Alexandrie est devenu plus international par la diminution du nombre des membres égyptiens ou anglais, qui de neuf sont tombés à quatre. Il s’agit maintenant de faire fonctionner ce qui a été voté à Venise et ce que l’unanimité des puissances a ratifié.


XIII. — LES NOUVEAUX CHEMINS DE FER DE SYRIE.

La construction bientôt achevée du chemin de fer de Beyrouth à Damas et de Damas à Mzérib ; la concession d’une nouvelle ligne de 700 kilomètres qui doit relier Beyrouth à l’Euphrate et s’avancer jusqu’à Telek, en passant par Homs, Hama et Alep, sont aussi des faits d’une grande importance et dont les conséquences aux points de vue politique, économique et sanitaire peuvent être considérables. Les deux lignes doivent être étudiées séparément.

Ligne Beyrouth-Damas-Mzérib, 250 kilomètres. — Cette ligne est destinée non seulement à transporter à Beyrouth la farine nécessaire à son alimentation et à Damas les produits manufacturés qui viennent d’Europe ; mais sa construction aura encore pour résultat de lancer sur Beyrouth toutes les récoltes des immenses plaines du Hauran, qui jusqu’à présent étaient transportées à dos de chameau à Saint-Jean-d’Acre et à Caïffa. Ces deux localités, qui vivaient de l’exportation des céréales du Hauran, vont probablement disparaître à brève échéance, les efforts d’une compagnie anglaise n’ayant pu aboutir à construire la ligne rivale de Saint-Jean-d’Acre à Damas dont la concession avait été accordée.

Au point de vue sanitaire, cette ligne Beyrouth-Damas-Mzérib n’a qu’une importance de second ordre. Il ne faut pas oublier cependant que c’est à Mzérib que les pèlerins, à leur retour de la