de l’histoire de la civilisation. C’est en attaquant l’ignorance, l’intempérance et l’imprévoyance, que l’on évitera ces grandes épidémies de famine dont le typhus est l’inséparable cortège. Le typhus, a dit Virchow, est un châtiment qu’un peuple s’inflige à lui-même par son ignorance et son indifférence. Sous ce rapport, de grands progrès ont déjà été réalisés, et il y aurait injustice à les méconnaître. Cependant l’Irlande et la Prusse orientale sont toujours sous l’imminence des mêmes désastres, et il suffit d’une mauvaise récolte pour placer ces populations sous le coup de la disette et du typhus.
Hors de l’Europe, les conditions sont plus déplorables encore. En Algérie, l’incurie et le fatalisme des Arabes les exposent perpétuellement à la disette et à ses tristes conséquences. Le typhus algérien de 1869 en est un lamentable exemple.
Des conditions analogues, mais sur une échelle bien plus vaste, se retrouvent dans les Indes-Orientales, où la vie de plus de 200 millions d’individus dépend du hasard d’une récolte de riz. Il y va de l’honneur de la France ainsi que de la Grande-Bretagne de chercher dans la mesure du possible à prévenir ces grandes catastrophes qui placent sous la menace constante de la famine, et du typhus une portion notable de l’humanité.
6 août 1720 Gaz. de Holl., Vendredi 9 août[1].
« La peste est à Marseille et y a été apportée par des vaisseaux dont on a fait une fausse déclaration pour éviter la quarantaine. Elle n’aura point de suite par le bon ordre qu’y a apporté M. Moustier, consul. Les pestiférés ont été portés aux infirmeries ; après leur mort, leurs parens et ceux qui demeuraient dans leurs maisons y ont été conduits aussi, et leurs maisons murées. Les équipages des trois bâtimens pestiférés ont été envoyés à une île déserte à 2 lieues de Marseille (Hyères) avec les marchandises. »
15 août.
« La peste continue à Marseille et ils ont aussi la famine, car ils n’ont ni vivres ni argent ; les bourgeois n’ont pu aller à leurs bastides. Ils ont négocié leurs piastres à 14 fr. 10 sous ; il ne leur reste que du papier. Le parlement d’Aix a défendu la communication sous peine de la vie. Tous les voisins sont sur leurs gardes ; c’est un vrai enfer que d’être ainsi sans secours et sans espérance. On dit que l’évêque y fait merveille. »
- ↑ Journal et Mémoires de Mathieu Marais, 1715-1737 : — de Lescure, 1863, tome I.