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perdu que 65196 lires. Ses dépenses en salaires ne montaient qu’à 118200 lires ; elle avait consacré 10000 lires (somme modeste, doit-on dire) à des objets charitables et distribué en dividendes 1152000 lires, soit 14 pour 100 ; en 1890 le dividende avait été de 15.20 pour 100. La Banque était en rapport avec 320 autres banques populaires, et ses affaires avec elles montaient à 223 millions de lires.

On voit que la banque de Milan, et nous lui en faisons un mérite, ne suit pas M. Raiffeisen dans son dédain des dividendes. Elle en donne de très rémunérateurs. Contrairement aussi à Raiffeisen, elle pratique surtout les prêts à courte échéance ; elle ne place pas sur hypothèque, mais elle ne dédaigne pas les gages, warrans, transports de créances de fournisseurs sur leurs cliens, etc. Les autres banques populaires italiennes font de même. Elles consentent aussi des prêts agricoles à plus long terme, des cartelle agrarie, en ayant soin, comme Raiffeisen, qu’ils soient affectés à un objet déterminé et examiné contradictoirement entre l’emprunteur et les fonctionnaires de la banque, tout manquement à cet objet spécial étant une cause d’annulation du contrat. Il ne semble pas, toutefois, que ces prêts agricoles aient eu tout le succès espéré ; car, d’après M. Wolff, en 1881 la circulation du papier agricole des banques populaires atteignait 12224000 lires, et en 1889 elle ne s’élevait plus qu’à 6390000[1]. D’autre part, M. Luzzati aurait déclaré que ses banques populaires auraient mis 80 millions de francs à la disposition de l’agriculture, ce que certaines personnes pensent exagéré ; en 1889, d’après lui, 399 Banche popolari comptaient 234073 membres, dont 52083 étaient de petits agriculteurs, paysans, propriétaires ou métayers[2].

Guère plus que celles de Schulze-Delitzsch, les Banche popolari ne viennent au secours de l’homme vraiment pauvre. La pauvreté relève de la charité et d’une certaine hygiène sociale, non du crédit, sauf quelques cas exceptionnels. Une enquête faite en 1883 sur les banques populaires italiennes montre que 24.66 pour 100 des membres étaient dans une situation aisée, 28.68 se composaient de personnes engagées dans la petite industrie ou le petit commerce, 8.40 étaient des artisans, 15.40 des maîtres d’école ou des employés du gouvernement, 19.08 pour 100 de petits cultivateurs et 3.18 pour 100 des ouvriers à la journée. Un examen attentif des conditions des membres de la Banca popolare de Padoue, regardée comme représentant bien la moyenne des institutions de ce genre, faisait ressortir que, sur 4310 membres, 120

  1. People’s Banks, p. 157.
  2. Ibid., p. 135, note.