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réclame le remboursement à quatre semaines de délai. Les associations exigent en tout cas le paiement ponctuel du capital et des intérêts aux termes convenus. Les prêts se font sur de simples billets, qui quelquefois doivent être avalisés par une ou deux cautions. En l’absence de capital propre (puisque les banques primitivement n’en avaient aucun et n’en ont aujourd’hui qu’un très faible, et que d’autre part la réserve ne se constitue et ne s’accroît que lentement), les fonds nécessaires aux banques sont formés par des dépôts, soit à vue, soit à des échéances déterminées. L’intérêt dans ces derniers temps en variait de 3 1/3 à 4 pour 100 l’an.

Avec la multiplication des sociétés Raiffeisen, il s’est formé des unions d’associations. À la tête de tout le système est le Generalanwaltschaft, l’administration générale, avec son conseil représentatif et son assemblée générale annuelle. Depuis 1876, ces associations ont, en outre, une banque centrale qui ne s’occupe absolument que du même genre d’affaires que les banques locales, notamment répartit entre elles les fonds. Elle reçoit le superflu des fonds des unes et le transmet aux autres qui en manquent. En 1888, les opérations de cette banque centrale avaient porté sur 5 millions de marks (6 250 000 francs) ; l’ensemble des frais ne s’était élevé qu’à 9000 marks (11250 francs). En 1892, les opérations atteignirent 12 millions de marks (15 millions de francs) et les dépenses 10 000 marks (12 500 francs). Par un développement continu, les opérations ont atteint 10 millions de marks (20 millions de francs) en 1892.

À côté de ces institutions qui forment la sphère principale et essentielle du système Raiffeisen, il s’en est constitué d’autres qui s’y rattachent, par exemple un magasin ou bureau coopératif pour les engrais, les semences, les fourrages, le charbon même, des laiteries ou fruiteries coopératives, des houblonnières et des vignobles ayant aussi un caractère coopératif : ces dernières, appliquant le principe mis en lumière il y a plus de 80 ans par Fourier, substituent à la vinification par chaque paysan dans sa petite propriété la vinification en grand. Des magasins coopératifs de vente sont aussi ouverts. M. Raiffeisen, le fils ou le neveu du fondateur, espère couronner son œuvre sur ce terrain particulier en ouvrant un grand nombre de dépôts de vente, dans les principales villes d’Allemagne, des crus provenant des seules associations relevant de son système.

Aucune statistique n’existe des opérations des banques Raiffeisen, et c’est une grosse lacune. Quel que soit leur nombre, elles sont très loin d’atteindre en importance le mouvement d’affaires des banques Schulze-Delitzsch. Le paysan sérieux parvient ainsi à obtenir du crédit à 5 pour 100, sinon à moins, et souvent pour un