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perte atteint maintenant plus de 22 pour 100. Le dernier cours sur l’Extérieure est 61 3/4.

La tension du change affecte plus encore les cours des valeurs des Chemins espagnols, actions et obligations. Le Nord de l’Espagne et le Saragosse avaient baissé de 8.75 à 125 et 150, les Andalous de 10 francs à 277.50. Dans la journée du 30, sous le coup de l’émotion provoquée par les nouvelles relatives à l’échec de Melilla, la baisse s’est encore accentuée. Tandis que l’Extérieure perdait presque une unité à 61.60, le Nord de l’Espagne était offert à 120, le Saragosse à 146.25, les chemins Andalous à 260. Les obligations ont continué à fléchir, et la raison de cette faiblesse persistante est assez plausible. La Compagnie du Nord de l’Espagne notamment ne peut plus, avec le taux actuel du change, donner un dividende à ses actions et prévoit même sans doute le moment où ses recettes ne suffiront pas à acquitter intégralement les charges d’intérêt et d’amortissement de ses obligations. Ce moment est sans doute encore assez éloigné. Toutefois une note officieuse de la Compagnie a posé la question, et donne à entendre que si l’éventualité prévue venait à se réaliser, on n’aurait point recours à une réduction de l’intérêt sur les obligations des dernières hypothèques, mais plutôt à une sorte de convenio portant sur l’amortissement des titres de toutes hypothèques. L’arrangement consisterait soit dans une suspension temporaire de l’amortissement, soit dans la substitution du rachat des titres en Bourse au système des tirages au sort et du paiement au pair des titres sortis.

Les fonds russes ont conservé les cours les plus élevés atteints dans ces dernières semaines. Les titres sur lesquels portent principalement les opérations à terme à Paris, sont, on le sait, l’emprunt d’Orient roubles-papier, le Consolidé or ! pour 100, le 3 pour 100 or émis en 1891. Les cours de ces trois titres donnent l’indication en quelque sorte officielle du taux où se soutient le crédit de la Russie. Le 4 pour 100 or est au pair à une unité près, le 3 pour 100 vaut 80 avec une marge suffisante de plus-value dans un avenir assez rapproché. Les prix de l’emprunt-papier dépendent de ceux du rouble qui depuis plusieurs semaines sont à peu près invariables entre 211 et 213 marks les 100 roubles crédit.

Le marché de Vienne a été troublé dans sa quiétude habituelle par le contre-coup de l’émotion politique se rattachant aux propositions du comte Taaffe. La haute banque austro-hongroise, accompagnée sans doute de la spéculation berlinoise, a salué de quelques ventes en fonds publics, et en actions du Crédit mobilier d’Autriche et des Chemins autrichiens l’ouverture de la crise ministérielle.

On s’est fort peu occupé des fonds grecs, égyptiens et turcs. Les premiers restent cotés très bas, malgré les projets plus ou moins sérieux, en cours d’élaboration ou d’étude pour le relèvement des finances