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devient unité d’un nouvel ensemble, d’un ensemble dont l’hétérogénéité entretenue fait la vie intense.

Aussi, m’autorisant de l’exemple de tant de pays où la haute culture est en honneur, il me paraît souhaitable pour les sa vans de France que leur place soit marquée au milieu des autres, puisqu’ils peuvent la tenir dignement. C’est le vœu d’un patriote, et je pourrais le montrer peut-être, s’il n’était des questions qu’il ne faut pas soulever à tout propos pour être bien sûr de ne pas les soulever mal à propos.

Si j’ai pris garde de montrer que la plupart des gouvernemens qui ont pris des « Tables » à Naples ont aussi leurs laboratoires nationaux, il faut en conclure que je n’ai pas entrepris d’opposer les stations qui existent sur nos côtes, dirigées par des hommes pleins de zèle et de savoir, à la station internationale de Naples. Je ne vois pas qu’il s’agisse là d’institutions antagonistes dont l’une doive se développer en écrasant l’autre ; il n’y a même pas rivalité entre les deux. Il semble seulement qu’à Naples, plus encore par la fréquentation nécessaire d’étrangers nombreux que par la supériorité du matériel, on peut trouver sans frais énormes un utile complément à ce que donnent déjà nos laboratoires français.

Et pour arrêter dans quelques mots les réflexions que suggère la comparaison des divers centres d’études de zoologie maritime, il nous semble que nos étudians en sciences naturelles doivent se former en fréquentant les grèves de la Manche ; nos laboratoires nationaux, avec les perfectionnemens que leur apportera le temps, suffisent amplement aux travaux ordinaires de nos savans ; mais il serait excellent que chacun d’eux pût dans le cours de sa carrière aller deux ou trois fois à Naples se mêler pendant quelques semaines à un milieu scientifique très varié et très renouvelé.


FREDERIC HOUSSAYE.