qui vivent aussi, et où l’on travaille, et où l’on publie des mémoires considérables : ce sont ceux de Wimereux, de Saint-Waast, de Concarneau, de Cette, de Marseille, de Villefranche. Et si, comme on l’a remarqué sans doute, la France ne se trouve pas parmi les pays q ii souscrivent à l’entretien de la station de Naples, cela tient évidemment à la profusion de ses laboratoires nationaux : elle estime sans doute avoir assez fait par leur création pour l’étude du monde marin.
Il faut observer toutefois que cet argument n’a pas semblé partout aussi irrésistible ; car parmi les contractans de Naples nous remarquons que l’Allemagne possède un laboratoire à Héligoland, ainsi que l’Autriche à Trieste, l’Espagne à Santander, la Hollande au Helder, la Russie à Solowietzky et à Sébastopol, l’Angleterre à Plymouth, à Liverpool, à Firth-of-Forth et à Saint-Andrews, l’Amérique du Nord à Newhaven, Woods-Holl, Cheasapeake, New-Jersey et aux îles de Bahama.
Si, contrairement à notre usage, des sociétés ou des gouvernemens fournissent à leurs savans les moyens d’aller à Naples, c’est que probablement ils pensent leur donner ainsi des ressources autres que celles de leurs stations particulières. À Naples en effet il y a un congrès international permanent ; mieux même qu’un congrès où l’on se rassemble pendant quelques jours pour parler de tout et du reste : c’est la vie en commun, la fréquentation journalière, la discussion paisiblement poursuivie pendant des semaines. Mais les étrangers, dira-t-on, ne peuvent-ils affluer dans nos stations françaises et y produire le même fécond mouvement d’idées ? Je pense bien en effet qu’ils le peuvent. Toutefois, si nous avons la fierté de leur offrir l’hospitalité, comment s’étonner s’ils ont celle de ne pas l’accepter ? et s’il en est qui viennent cependant, par le fait même qu’ils viennent, ne sont-ils pas plutôt des amis que des étrangers ? À Naples, chacun est l’envoyé d’un groupe qui a un droit, chacun est chez lui et ne sent pas sa liberté de penser et de dire nécessairement entravée par le fait de recevoir un accueil hospitalier, si connues d’ailleurs que puissent être la largeur d’idées et la hauteur de vues de celui qui fait accueil. Une telle réserve n’est-elle pas de la plus élémentaire politesse ?
Et non seulement les étrangers qui viennent à nos stations sont réservés, mais ils sont peu nombreux à la fois, ils sont minorité, et changent trop peu par leur présence l’homogénéité du milieu. Un Américain, un Allemand, un Suisse, ne retirerait pas un profit appréciable du passage d’un savant, même illustre, à l’université, à l’école ou au laboratoire qu’il fréquente ; au contraire, chacun transporté seul au milieu d’étrangers nombreux