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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les cours de la rente française ont oscillé pendant la première quinzaine d’octobre dans les mêmes étroites limites où s’étaient tenues les transactions durant la quinzaine précédente. Le 3 pour 100 n’a pu descendre jusqu’à 98 francs ni remonter jusqu’à 98.50 ; les rachats d’une part, les offres de l’autre, arrêtent le mouvement commencé, et une sorte d’équilibre s’établit entre 98.25 et 98.50. Les dispositions sont plutôt favorables, et il n’est pas besoin, si quelques établissemens de crédit peuvent être intéressés à la hausse de certaines valeurs, qu’ils fassent de grands efforts pour soutenir le 3 pour 100. À tout essor nouveau de ce fonds manque toutefois désormais un facteur qui dans les années précédentes avait puissamment contribué à la conquête du pair, les achats de la Caisse des dépôts et consignations pour les caisses d’épargne. Depuis le 1er janvier, les excédens de retraits ont atteint en cinq mois 200 millions. Ce mouvement s’est arrêté, et depuis lors dépôts et retraits se balancent à peu près. Dans la dernière décade, toutefois, l’excédent de ces derniers a dépassé un million.

La rente amortissable, dont le coupon trimestriel a été détaché le 1er octobre, reste cotée au-dessous du 3 pour 100 perpétuel, à 98.20 environ. Le 4 1/2 s’est relevé de 104.37 à 104.95. L’écart entre ce fonds et le 3 pour 100 devra se tendre encore, le succès de la conversion en dépend. Une opération portant sur un capital de plus de 7 milliards en capital effectif aux cours actuels ne peut être réalisée avec certitude de succès, — ainsi s’est exprimé M. Peytral dans une récente interview, — qu’à la condition qu’elle soit à peu près unanimement acceptée par les porteurs du 4 12 eux-mêmes, ce qui suppose une formule de conversion plus avantageuse que celle qui résulterait de la comparaison des cours du moment.

La conférence monétaire qui s’est réunie lundi à Paris n’a pas pour mission d’examiner s’il convient de maintenir ou de dénoncer l’Union latine. Son unique objet est de statuer sur une proposition de l’Italie touchant un point spécial, le rapatriement et la nationalisation de sa monnaie divisionnaire. Les délégués des cinq États de l’Union ne paraissent point disposés à étendre au-delà de cette question le champ de leurs travaux. Il est probable, dès à présent, que l’Italie obtiendra satisfaction, sous réserve de la sanction que le parlement aura à donner à tout accord établi par la conférence.