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pourrait-on sans mauvaise foi le dénier à la simple rencontre de quelques navires russes et français, et à l’échange de l’expression d’une amitié internationale qui n’est plus, depuis longtemps, un secret pour personne ?

On l’a compris ainsi à Pétersbourg. Le tsar entend maintenir en Europe un statu quo qui peut attrister encore bien des âmes, mais qui, présentement, ne pourrait être modifié qu’au prix de sacrifices si sanglans, que nul n’oserait prendre la responsabilité de les exiger des nations en présence. C’est dire que, dans une action défensive, la Russie serait prête à marcher avec la France ; mais qu’elle ne se joindrait pas à une action offensive de cette dernière, non justifiée par quelque intérêt tout à fait supérieur. Cette attitude de la Russie se comprend de reste ; les phrases semi-menaçantes, un peu piquantes même pour l’amour-propre moscovite, dont l’empereur Guillaume entremêle parfois ses assurances de paix, ne feront point sortir l’empereur Alexandre de sa sérénité. D’autre part, le souverain russe n’a cure des intentions que l’on peut lui prêter au-delà du Rhin ; il ne doit d’explications à personne, et il n’est pas dans les traditions de son gouvernement de rendre compte à ses voisins d’actes qui ne relèvent que de sa propre appréciation.

Il en va de même des hommes qui sont à la tête de la république française. Toulon, dans leur pensée, est la contre-partie de Metz, sans provocations, comme sans ménagemens désormais inutiles. Notre souhait à tous et notre ferme espoir est que ces fêtes qui commencent ne donneront lieu à aucune fausse note, à aucunes vaines fanfaronnades, auxquelles manquerait le sentiment de la dignité nationale. M. le président Carnot a fort bien exprimé, dans son récent discours de Beauvais, ce sentiment de courtoisie amicale consacrant la solidarité des deux nations, lorsqu’il a dit, en face de quelque cent mille hommes prêts à entrer en ligne, que nous avions « appris le calme et le sang-froid, » et que, si la France « a des amitiés qu’elle est heureuse de fêter, » elle est animée d’un sincère amour de la paix et pense que « l’avenir appartient à la sagesse et à la droiture. »

Ce désir d’entretenir des relations cordiales avec nos voisins, n’en donnons-nous pas une preuve dans cette conférence monétaire qui vient de se réunir à Paris, sur la demande de l’Italie, afin de faciliter au gouvernement du roi Humbert le moyen de remédier en quelque façon à ses embarras financiers, par le retrait des espèces divisionnaires italiennes, qui circulent dans l’Union latine ? Il ne manque pas de gens pour nous conseiller de dénoncer, comme nous en avons le droit, cette union latine ; ce qui aurait pour effet d’obliger l’Italie à nous rembourser en or, dans un délai assez rapproché, environ 400 millions d’argent que nous tenons à sa disposition ; d’où résulterait pour elle,