Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 119.djvu/859

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avait été dépassé que deux fois depuis 1757 ; le thermomètre avait marqué 29°,1 en 1840 et 28°,7 en 1841.

Si on fond en une moyenne unique les températures de mars et d’avril, on voit que 1893 surpasse de beaucoup la température des années les plus chaudes :

MOYENNE DES TEMPERATURES DE MARS ET D’AVRIL


1815 9°,9
1865 8°,8
1880 10°, 1
1882 10°,0
1893 12°,1

Mais c’est moins encore l’élévation de la température que la sécheresse qui donne au printemps de 1893 un caractère tout particulier. La somme de la pluie, pendant les deux mois de mars-et d’avril, fut seulement de 10mm, 8, car aux 9mm,6 de mars ne s’ajoute en avril que 1mm,2. On ne signale, aux environs de Paris, aucun exemple d’une sécheresse semblable ; en 1781, la pluie a fait complètement défaut pendant le mois de mars, mais il est tombé 16mm,4 en avril, de façon que pendant ce printemps d’une sécheresse exceptionnelle, la hauteur de pluie surpasse encore celle de 1893 ; en 1785, mars, complètement sec, a été suivi d’un mois d’avril fournissant 13mm,9. En 1817, si le mois de mars avait été tout à fait sec, avril avait été pluvieux. En 1870, mars donne I6mm,8 ; avril, 8mm,6 ; la somme surpasse encore celle de 1893 ; aucune des années exceptionnellement sèches sur lesquelles portent les observations précédentes n’avait accusé une absence de pluie aussi complète qu’elle le fut cette année, non-seulement à Paris, mais dans presque toute la France. À Arras, on ne recueille pas d’eau en avril, la sécheresse se prolonge jusqu’au 7 mai, elle avait duré quarante-neuf jours ; dans la Somme, on observe seulement 1mm,8 ; à Saint-Quentin : 1mm, 5 ; dans la Haute-Marne, avril donne 1 millimètre d’eau ; dans Meurthe-et-Moselle (à Lunéville), rien ; à Nancy, rien ; dans Saône-et-Loire, rien ; dans l’Yonne, 1 millimètre ; dans l’Allier, rien ; dans la Limagne d’Auvergne, un des pluviomètres donne 2mm,6 ; l’autre rien ; dans l’une des stations de l’Isère, 5mm,5, 1mm,8 dans l’autre. À Évreux, 5mm,5 ; à Grignon, 1mm, 8 ; à Chartres, 1 millimètre ; dans la Haute-Vienne, 3mm, 5, au lieu de 104 millimètres qui représentent la précipitation d’une année moyenne ; à Bordeaux 7mm ; à Mende on recueille 17 millimètres ; à Montpellier, on a 13mm,5 et également 13 millimètres à Toulouse.