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conventions et les traités internationaux seraient insérés dans ce vaste recueil, non par ordre de chronologie générale, mais séparément pour chaque État. On pouvait ainsi seulement se faire une exacte idée des relations entretenues par la Russie avec les diverses puissances étrangères, en les prenant à leur origine et en les suivant jusqu’à l’époque actuelle. Pour faciliter encore l’intelligence de ces relations et des conventions elles-mêmes, le gouvernement russe chargea M. de Martens de faire précéder chaque acte international d’un commentaire historique contenant l’exposé non-seulement des circonstances qui avaient signalé, mais des négociations qui avaient préparé la conclusion du traité. C’est ainsi que les huit premiers volumes contiennent, outre le texte, transcrit sur les originaux déposés aux archives russes, des conventions signées avec l’Autriche et avec l’Allemagne, une esquisse non interrompue des relations diplomatiques continuées jusqu’à ces derniers temps entre la Russie et ces deux puissances[1]. La collection des textes offre un grand intérêt, mais le commentaire qui les accompagne est d’une valeur inappréciable. Cette série de tableaux enchaînés l’un à l’autre, pour l’achèvement desquels l’auteur a mis à profit, en même temps que la correspondance diplomatique conservée dans les grandes archives de Moscou, tous les matériaux accumulés par l’érudition ancienne et moderne, est au premier rang parmi les œuvres de la science historique contemporaine. Le tome IX, publié l’année dernière, est le recueil des actes diplomatiques issus des relations formées entre la Russie et l’Angleterre, depuis 1710 jusqu’au commencement du XIXe siècle. Une remarquable introduction nous présente le tableau sommaire de leurs premiers rapports.

En rapprochant ce neuvième volume des huit premiers, nous avons mieux compris comment la Russie, redevenue puissance asiatique à partir du XIIIe siècle, était entrée peu à peu, depuis le XVIe, dans le concert européen, et comment elle avait pris sa place définitive en Europe sous le règne de Catherine II. C’est le plan général de cette politique que nous allons esquisser.


I

Les premières relations de la Russie avec l’Europe occidentale sont d’ancienne date, puisqu’elles remontent au règne glorieux de cet Iaroslaf le Grand (1015-1054), surnommé par quelques

  1. Tous ces traités sont imprimés en double ; d’un côté, le texte original ; de l’autre, la traduction russe. Les esquisses historiques, qui les précèdent, sont en langue russe, avec traduction française en regard.