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les réformateurs revendiqueront un jour leur union, leur « fraternité, » et mieux encore !

Dans l’ordre juridique, de grandes réformes sont nécessaires et, dès à présent, possibles. Ce n’est pas ici le lieu d’en faire l’énumération. Rappelons seulement que la civilisation d’un peuple peut se mesurer au degré d’humanité et de justice dont les hommes font preuve envers les femmes. Celles-ci, en effet, étant les plus faibles, l’homme n’a guère, pour contenir son propre égoïsme dans ses rapports avec l’autre sexe, que des raisons d’affection et de moralité. Certes, la civilisation ne consiste pas à détruire la nature ni à confondre les fonctions normales de l’homme et de la femme ; mais, ces fonctions étant également nécessaires à l’espèce, les deux sexes doivent avoir des droits et des devoirs, sinon toujours identiques, du moins toujours équivalens. Le sexe féminin ne doit pas « impliquer déchéance. » Chacun sent d’instinct, par exemple, l’équivalence entre l’impôt du sang pour la défense extérieure et les travaux de la maternité pour la conservation et l’éducation de la race. Ici l’identité des fonctions est visiblement impossible, et elle est remplacée par une équivalence de devoirs, qui, d’ailleurs, aurait besoin d’être mieux réglée par la loi. Trouver en tout la balance équitable, assurer partout l’équation entre les devoirs et entre les droits, — dans la famille, par une distribution meilleure du pouvoir et des fonctions ; dans la vie sociale, par une juste extension des droits civils de la femme ; — substituer ainsi progressivement au régime de la sujétion le régime de la justice, n’est-ce pas là un des plus grands problèmes qu’auront à résoudre les sociétés futures ? On tranche beaucoup trop simplement ce problème en disant, avec M. Secretan : « La personne, en tant que personne, est son but à elle-même ; toute la question est donc de savoir si la femme est une personne, ou si la femme existe exclusivement pour notre avantage et nos plaisirs. » M. Secretan oublie la famille et la race ; il traite l’homme et la femme comme des unités abstraites, existant chacune pour soi ; il néglige non-seulement la solidarité de l’individu et de la société, mais encore la solidarité des deux sexes. L’homme et la femme, au lieu d’être des personnalités absolument indépendantes, forment déjà un tout naturel ; ils doivent, de plus en plus, former un tout moral et social. L’un ne doit pas être la répétition et le redoublement de l’autre : il en doit être le complément. Et si vous y ajoutez l’enfant, en vue duquel existe l’union de l’homme et de la femme, vous aurez la véritable trinité humaine : trois personnes en une seule.


ALFRED FOUILLEE.