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lieu d’origine. Tels étaient le cuivre rouge ou cuivre de Chypre, œs cyprium, épithète qui est devenue au temps de l’empire romain le nom propre du métal, cuprum ; tels le cuivre jaune, le cuivre blanc, etc. Le cuivre jaune embrassait à son tour bien des variétés, car sa composition variait extrêmement. Rappelons d’abord les bronzes, alliages de cuivre et d’étain, employés pendant des siècles à la fabrication des armes, jusqu’au jour où ils furent détrônés par les progrès de la fabrication et de la trempe du fer. Au temps de l’empire romain, on désigna l’un de ces alliages, qui servait à faire des miroirs, par le nom de Brindes, lieu où se trouvaient les fabriques : œs brundusinum, d’où est venu notre mot bronze ; d’autres alliages de diverses nuances, jaunes ou blanchâtres, unissaient au cuivre le plomb et le zinc, métal inconnu des anciens à l’état de pureté, mais dont ils connaissaient les minerais, appelés cadmies ou calamies naturelles, d’où nous avons fait le mot calamine. La fusion de ces minerais avec ceux du cuivre engendrait des métaux semblables à notre laiton, dont le nom même a été dérivé de celui d’electrum, par suite des altérations successives que l’industrie a fait subir au vieux métal lydien, depuis l’antiquité jusqu’au xiie siècle de notre ère.

Tandis que certains des composés du cuivre acquéraient ainsi des noms particuliers, en raison de l’importance de leurs applications ; au contraire, parmi les nombreux alliages du cuivre à teinte jaune, il en est d’autres, usités dans l’antiquité et au moyen âge, qui sont tombés en désuétude : par exemple, les combinaisons que le cuivre forme avec l’arsenic et l’antimoine, intermédiaires éminemment aptes à permettre l’association des corps, tels que le fer opposé au cuivre ou à l’étain, métaux rebelles à une union plus directe. La chimie moderne ne connaît plus guère ces alliages. Cependant, nous avons vu ressusciter, il y a une vingtaine d’années, parmi les brevets d’invention, un alliage de cuivre et d’antimoine, doué de l’apparence et de la plupart des propriétés de l’or ; on pourrait même le faire passer pour lui, auprès des personnes inexpérimentées et peu au courant des méthodes infaillibles de l’analyse moderne. Or cet alliage était connu des alchimistes grecs, et il figure dans les traductions syriaques de leurs œuvres.

Ainsi, dans l’antiquité et au moyen âge, il existait une foule de métaux artificiels, rangés sous ces catégories générales de plomb, de fer, de cuivre, d’étain, d’électrum, enfin d’or et d’argent.

Ce n’est pas tout : de même que l’argent pur était confondu dans la pratique des orfèvres avec les divers alliages désignés sous le nom d’asem, le nom même de l’or ne s’appliquait pas seulement à l’or pur ; mais les orfèvres l’avaient étendu aux alliages de ce corps avec