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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août.

Ainsi que tout le faisait prévoir, le produit des moyens, dans les élections du 20 août, a été supérieur au produit des extrêmes ; les républicains modérés triomphent.

Il n’est pas d’ailleurs facile de chiffrer dès à présent, d’une façon positive, l’importance de la majorité, parce que les statisticiens, suivant leur opinion personnelle, l’étendent plus ou moins, soit du côté de la gauche, soit du côté de la droite. Mais le point essentiel, c’est que cette majorité existe et, vraisemblablement, il ne sera pas besoin, pour la constituer sur un programme défini de gouvernement, de faire aucune concession aux anciens élémens radicaux de la chambre de 1889. En effet, négligeant les 164 ballottages, sur lesquels va porter le scrutin du 3 septembre, nous remarquons que les républicains opportunistes, libéraux ou ralliés sont au nombre d’environ 250 ; et comme, sur les sièges à pourvoir, il en est près d’une centaine qui, d’après le nombre des voix obtenues au premier tour, appartiendront aux candidats de cette nuance, on peut compter sur un groupe de 350 représentans pour former un parti ministériel à peu près homogène.

L’opposition de droite, elle s’y attendait elle-même, a été la plus maltraitée par les électeurs. Son effectif, réduit au cours de la dernière législature de 180 à 150 sièges, par la défection d’une trentaine de ralliés, ne ressort pas, au premier tour de scrutin, à plus d’une cinquantaine de membres ; et ses rangs ne paraissent pas devoir se grossir, au deuxième, de plus d’une vingtaine de députés. Le parti boulangiste a été effacé, d’une façon définitive, de la carte électorale, comme il l’était déjà de la politique et de l’opinion. Les radicaux et les socialistes restent à peu près en même posture : leur gain insignifiant de quelques circonscriptions contraste trop fort avec leur assurance de