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tuteur ou l’instituteur. Le tribunal pourra condamner à une amende variant de 100 à 6,000 marks. Les souteneurs de profession seront punis au moins d’un mois de prison ; si c’est le mari, ou si le souteneur a usé de violences à l’égard de la personne se livrant à la débauche, la peine sera au moins d’un an de prison. — Le condamné, pendant les six premières semaines de la peine, sera soumis à une aggravation consistant, tous les trois jours, à coucher sur un lit de planches et à être mis au pain et à l’eau. À l’expiration de la peine, il sera placé sous la surveillance de la police. Les pénalités contre l’exposition et la vente des publications pornographiques sont également aggravées.

Une modification est introduite en même temps dans la législation, en ce qui touche la location d’appartemens ou de chambres à des prostituées de profession ; celle-ci est autorisée à condition de se conformer aux règlemens de la police.

On espère, de la sorte, pouvoir localiser davantage, dans certains quartiers déterminés, la prostitution, et en débarrasser le reste de la ville.

La dissolution du Reichstag n’a pas permis d’achever la discussion du projet de loi, qui avait été renvoyé à une commission, et celle-ci n’a pu résister à la tentation d’en étendre l’effet.

À côté des souteneurs, on a voulu punir les patrons qui cherchent à débaucher leurs ouvrières.

Certaines stipulations du projet de loi relatives aux maladies contagieuses sont même d’une nature telle que, faites pour sauvegarder la santé publique, elles laissent place au chantage.

Le projet de loi gouvernemental étend la faculté aux tribunaux de prononcer le huis-clos total ou partiel lorsqu’il s’agit d’un procès menaçant la moralité publique.

Les rédacteurs et les gérans de journaux qui contreviendront pourront être condamnés à 1,000 marks d’amende et jusqu’à six mois de prison.

On a reproché souvent à la police de Berlin de ne pas remplir d’une façon satisfaisante ses fonctions véritables et de se mêler d’une foule de choses qui ne la regardaient pas et qui eussent été bien mieux dans le ressort de l’autorité communale. Ces accusations ont été formulées plus d’une fois par les députés de l’opposition, lors de la discussion du budget du ministère de l’intérieur, et l’on engageait le gouvernement à prendre exemple sur le système anglais. Les défenseurs du système berlinois ont répondu qu’en effet il était exact qu’à Londres la police avait surtout pour mission de veiller à la sécurité du public, à prévenir les crimes et les accidens, avant d’en poursuivre criminellement les auteurs,