Un jour, ainsi qu’il est dit dans l’Évangile de saint Luc, le démon enleva le seigneur Jésus sur la cime d’une haute montagne, et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre avec toute leur gloire. « Ils sont à toi, lui dit-il, il n’y a eu qu’un que je me réserve : peu t’importera d’ailleurs, ce n’est que ce petit pays qui s’étend au nord de l’île anglaise. On le nomme l’Ecosse. » Ainsi parla le Mauvais, et depuis ce temps, on dit qu’il a toujours régné au-delà des monts Grampians.
Telle est la légende, et vraiment cette race écossaise, sous son apparence froide, son enveloppe de chair solide et massive, est d’une extraordinaire sensibilité nerveuse. Chez nulle autre les histoires d’apparitions, de pressentimens, de communication psychique à distance ne sont aussi fréquentes et n’obtiennent autant de crédit. Le diable, au lieu de n’être, comme chez nous, qu’une espèce d’entité théologique, y est bien réellement « celui qu’il ne faut pas nommer, » le rôdeur éternel prêt à sauter sur l’homme à