Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/963

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenue de la rente italienne, le vote de la loi sur les banques d’émission, qui a eu lieu à la fin de juillet à la chambre des députés et est imminent au sénat, ne saurait avoir que d’heureux effets sur les changes d’abord et sur tout l’ensemble de la situation financière. Il ne peut être indifférent, au point de vue du crédit du royaume, que la constitution du régime de la circulation fiduciaire, objet de débats si passionnés depuis près de dix années, soit enfin fixée pour vingt ans.

La Rente extérieure d’Espagne a repris d’abord de 62 à 63.50, sur le vote définitif du budget par les deux chambres des Cortès. Le ministre des finances va mettre à profit les vacances parlementaires pour étudier les mesures les plus propres à tirer des réformes fiscales, enfin sanctionnées, tout le rendement qu’il en espère. Mais déjà des troubles éclatent sur divers points du royaume où l’application de ces réformes menace de contrarier des habitudes invétérées. Des désordres sérieux ont eu lieu à Vittoria et ont été promptement réprimés. Le dernier bilan de la Banque d’Espagne accuse encore une augmentation sensible de la circulation fiduciaire, et le change, à 19.50, ne se détend pas. De là l’indécision des spéculateurs et les fluctuations de la rente aux environs du cours de 63. Les nouveaux budgets seront appliqués à partir du 1er septembre prochain. Le ministre ajourne définitivement tout emprunt intérieur, le public ne prenant que très lentement les obligations du trésor de la dernière émission, 2 millions en moyenne par semaine, ce qui porte à 66 millions, à l’heure actuelle, le montant de la souscription. Dans ces conditions, un emprunt à réaliser par un simple échange de ces titres contre des inscriptions de rentes ne peut être lancé avant six ou huit mois. Quelques symptômes favorables sont pourtant à signaler dans la situation financière de l’Espagne : le déficit de 1892-93, d’après les premières publications officielles provisoires, ne dépasserait pas une quarantaine de millions ; les produits des douanes, qui avaient été de 109 millions en 1890-91 et de 113 en 1891-92, se sont élevés à 126 millions en 1892-93, augmentation qui résulte, il est vrai, pour la majeure partie, de l’importation des blés de Russie et des États-Unis.

Malgré la guerre de tarifs engagée entre la Russie et l’Allemagne depuis le 1er août, le rouble à Berlin a été tenu avec une grande fermeté. Au surplus, la lutte ne sera sans doute que momentanée. Déjà les deux gouvernemens ont arrêté de nommer, pour la recherche d’un terrain d’entente, une commission mixte qui commencera ses travaux en octobre prochain.

Les valeurs turques voient leur clientèle s’élargir lentement, mais sûrement. Depuis une année, elles ont fait d’énormes progrès ; la dette générale série D a été portée de 18 à 22 pour 100, l’obligation des douanes s’est élevée de 425 à 500 francs ; elle vaut actuellement 485