une puissance assez forte pour qu’un parti ait pu s’y fonder sous la seule dénomination « d’antirévolutionnaire, » de donner aux classes rurales et ouvrières leur part légitime d’influence, pour les détourner des voies illégales, néanmoins le projet rencontre dans le parlement une opposition assez vive pour que l’on puisse encore douter de son succès. On affirme même que la régente et son entourage y seraient notoirement hostiles, et que les relations entre le ministère libéral actuel, plutôt subi qu’accepté par la couronne lors de sa formation, et la reine Emma seraient assez tendues. Ce n’est pas que les opposans, ainsi qu’en témoignent les discours dont ils sont prodigues, repoussent d’emblée toute modification au régime actuel ; mais la plupart trouvent l’extension projetée trop large, et voudraient la restreindre, soit aux pères de famille, comme le propose M. Beelaerts van Blokland, l’un des chefs des conservateurs, soit à la création de catégories, analogues au vote plural de la Belgique, prônée par M. Van der Kaay, le président du groupe libéral, soit enfin à un simple abaissement du cens actuel, système recommandé par M. Roel, le personnage indiqué, en cas de crise ministérielle, comme le chef du futur cabinet. C’est en effet à une dissolution ou à la chute de M. Tak qu’aboutirait, à La Haye, l’échec de la loi proposée ; et il y aurait avantage, pensons-nous, dans l’état d’excitation des esprits, à éviter l’une et l’autre conjoncture.
Vte G. D’AVENEL.
La rente française valait 98 fr. le 31 juillet dernier. Le 8 août, elle a
dépassé 99 fr. Ce mouvement s’est produit presque sans résistance ; la
liquidation a révélé une situation de place peu chargée à la hausse, les
reports ont été aisés, à peine rémunérateurs, et les acheteurs ont été
encouragés par l’heureuse terminaison du conflit engagé avec le royaume
de Siam. Des élections, la Bourse n’a aucun souci. Elle suppose que le
suffrage universel va renvoyer au palais Bourbon une chambre des députés