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LE
BASSIN D’ARCACHON

L’OSTRÉICULTURE, LA PÊCHE, LES DUNES.

Qui donc a prétendu que les plus charmans voyages, après ceux que l’on avait l’intention de faire, étaient ceux que l’on avait déjà faits ? Il en est peut-être ainsi de ces grands voyages par-delà les mers, à travers les déserts, les glaces des pôles ou sous les rayons du soleil des tropiques. Ces voyages sont pour les jeunes dont le corps, dans la plénitude de sa force, jette un défi à la mauvaise fortune, et qui, avec la suprême audace, la suprême confiance de la vigueur et de la santé, ne redoutent aucune épreuve. Sans même en avoir conscience, ils sont persuadés que la maladie, — l’odieuse maladie, — à la vue de leur visage souriant, les saluera de loin, qu’elle s’en ira s’adresser à quelque autre, plus riche d’années, plus pauvre d’ardeur, et lui rappellera, par les horribles tenaillemens des rhumatismes ou les affaissemens douloureux de la fièvre, que l’âge des audaces est passé et que le corps est une chère guenille qui exige des ménagemens. S’il est doux de faire de tels voyages, il y a plus de douceur encore à en évoquer le souvenir aux heures où, les pieds sur les chenets, devant un feu qui s’éteint, on suit de l’œil les étincelles qui courent sur les tisons et disparaissent avec des craquemens ; quand, par une soirée d’hiver, on