Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/871

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en offices, sur le taux de 8 pour 100 en 1601, pouvaient rapporter originairement 1,900 francs ; mais, en raison de la baisse simultanée de la livre-monnaie et du taux de l’intérêt, ce capital était, dans les dernières années de Louis XVI, réduit à 9,000 francs, et son revenu à 450 francs. En 1790, cette fortune mobilière ne valait, comme revenu, que le cinquième environ, et, comme capital, que le septième de la fortune foncière qu’en 1601 elle égalait comme capital et dépassait en revenu.


VII.

Il nous reste à comparer la propriété foncière de 1790 avec la propriété foncière actuelle : l’hectare de terre labourable est aujourd’hui évalué en France à 1,600 francs ; il a donc un peu plus que doublé depuis cent ans, puisqu’il valait 760 francs en 1790. Il en est de même de l’hectare de pré, passé de l,240 à 2,600 fr. Les vignes atteignent avec peine cette proportion ; de 1,312 francs elles ont monté à 2,600 francs. Les bois, au contraire, la dépassent : de 400 francs ils se sont élevés à 900 francs l’hectare. Le revenu a crû parallèlement au capital, mais plus faiblement, puisqu’au lieu de 3 1/2 pour 100, il n’est plus estimé de nos jours qu’à 3 pour 100 de la valeur des immeubles ruraux. L’hectare de labour rapporte ainsi 50 francs au lieu de 26 ; la prairie, 86 francs au lieu de 44 ; la forêt, 30 francs au lieu de 14.

L’histoire de l’agriculture au XIXe siècle demeurant en dehors de notre sujet, nous n’avons pas à rechercher si cette augmentation s’est produite d’une manière régulière, périodique, de 1790 à 1893, ou si au contraire elle a procédé par bonds rapides, suivis de reculs, comme aux siècles antérieurs. Sous nos yeux mêmes, un de ces reculs vient de se manifester depuis dix ans, à la suite de la hausse du demi-siècle précédent (1830-1880). Sans qu’il soit besoin de statistique, nous sommes fondés à croire que les troubles de la révolution, et surtout les guerres du premier empire, ont ralenti le progrès agricole qui avait pris sous Louis XVI un très grand essor. Il est telle ferme louée 2,100 francs en 1785, qui était tombée à 1,400 francs en 1795. En 1820, on pouvait encore acheter, dans le centre de la France, de grandes propriétés avec château sur le pied de 180 ou 200 francs l’hectare.

Des contrées où la hausse s’était produite dans la première partie du siècle, de 1820 à 1850, ont relativement peu progressé dans la seconde. Depuis l’établissement des chemins de fer, de 1851 à 1879, l’administration des contributions directes a trouvé, pour la propriété non bâtie, une plus-value moyenne de 43 pour 100,