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Louis 900 francs l’hectare, pendant que les vignobles champenois ne valent que 700 francs et ceux de Touraine 500 francs. Une vigne à Champrosay, près Corbeil, va jusqu’à 1,600 fr. L’hectare en 1300 ; et, chose incroyable, tandis que le prix le plus bas qu’il nous ait été donné de recueillir est celui d’une vigne de Languedoc, dans le Gard, que l’on achète pour 15 francs l’hectare en 1181, c’est en Normandie, près de Mortain, que nous avons noté le prix le plus élevé : 2,330 francs l’hectare, en 1227.

De pareilles anomalies s’expliquent par ce fait, que du terrain où le raisin mûrissait passablement, en Basse-Normandie, devait être fort recherché et très rémunérateur, tandis que dans le midi, où le vin était à très bon marché, une vigne médiocre pouvait aisément tomber à rien. Du XIVe au XVIe siècle, les mêmes conditions économiques produisent les mêmes effets, si contraires à ceux de nos jours qu’on semble vraiment, en les constatant, énoncer une paradoxale folie : plus les vignes sont malchanceuses, moins leur vin est généreux, et mieux elles se vendent. Au contraire, plus le climat était favorable à la culture de la vigne, plus les vignes, étant nombreuses, diminuaient de prix. de plus, les règlemens locaux faisaient un devoir aux régnicoles de chaque province de ne laisser pénétrer dans leur cave les produits d’une récolte étrangère qu’après avoir vidé les futailles du cru jusqu’à la dernière goutte. C’était ainsi qu’on entendait alors le protectionnisme.

En compensant tous les écarts dans des moyennes séculaires, qui permettent d’apprécier la valeur de cette nature de sol, nous remarquons que l’hectare de vigne a valu 580 francs, de 1201 à 1300, 412 francs de 1301 à 1400, 272 francs de 1401 à 1500, enfin 448 francs de 1501 à 1600. Les vignes, comme les prés, coûtaient donc plus cher au moyen âge que depuis la renaissance. Nous savons, en effet, que la culture de la vigne prit, au XVIe siècle, une extension considérable. Des étendues immenses furent alors dérobées aux céréales, en Bourgogne notamment, pour être couvertes de ceps. L’histoire des dîmes ecclésiastiques, dont la substance se modifie ainsi à travers les âges, nous l’apprend.

Sous Colbert, les vignes qui, dans la première moitié du XVIIe siècle, avaient valu 590 francs, s’élevèrent à 860 francs. C’est toujours le Languedoc qui occupe le dernier rang, à 65 francs l’hectare, et l’Ile-de-France qui tient la tête à 1,300 francs. La moyenne de la vigne normande (900 fr. L’hectare) continue à dépasser celle de la vigne bourguignonne (780 fr. L’hectare en 1666). Ce dernier chiffre provient d’environ 150 communes de la Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, où les crus sont classés, d’après leur valeur vénale, dans un tout autre ordre que celui que nous leur attribuerions aujourd’hui et que celui qu’ils avaient eu au moyen âge. Ainsi le vignoble le