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en propriétaire : c’est bien, l’idée me plaît. Aux Indes, on s’achemine, — oh ! bien lentement, — vers une sorte de home-rule. L’île Maurice, ravagée par les élémens, n’a pas été oubliée par vous. Merci, c’est parfait, que Dieu vous bénisse ! » — Était-ce fini ? pas encore ; restait la procession du speaker qui, lorsqu’il passa chez les lords, fut encore précédé de la masse. Mais dès que la prorogation eut été lue, ce symbole d’autorité disparut. On le serra soigneusement, car il ne devait plus servir qu’au nouveau président. L’ancien, dépouillé de ses attributions, retourna à la chambre sans aucun insigne. À son tour, il donna lecture du message royal, mais de la table simplement, non du fauteuil de la présidence qu’il n’avait plus le droit d’occuper. Puis les membres présens défilèrent devant lui avant de sortir. C’était le shake hands, la poignée de main du départ, pour quelques-uns l’adieu définitif à une chambre qu’ils ne verraient plus.

Le même soir, aux quatre points cardinaux du royaume-uni les writs s’abattaient en masses serrées. Ceux qui étaient à destination des comtés allèrent au haut shérif ; au maire, on remit ceux des boroughs, ou au returning officer s’il était autre que le magistrat municipal. Tous avaient été confiés à la poste, par plis chargés, et cette administration, d’ailleurs remarquable, avait l’ordre d’en hâter la distribution. Londres seul était l’objet d’un traitement privilégié. Les courriers du Crown office les déposaient en personne dans les circonscriptions de la grande ville, laquelle, tenant ainsi la tête, élisait ses représentans un ou deux jours avant la province. Comme les autres boroughs, Barton avait reçu l’arrêté qui enjoignait au returning officer de convoquer les électeurs dans les délais prescrits par la loi. Winterbottom procéda immédiatement aux démarches nécessaires. Cette fois, sir Francis Careford ne passerait pas unopposed et la lutte allait s’engager. Déçu par l’échec subi au meeting, certes, le directeur du Pantheon l’avait été ; mais de penser que le résultat final en lût compromis, c’était une idée qui ne lui vint point. D’ailleurs, Cook se multipliait. L’élection avait été fixée au vendredi 8 juillet. Les amis de Richard remuaient ciel et terre dans l’intérêt de sa candidature. Brusquement, une nouvelle éclata qui semblait en assurer le succès.

Deux jours avant le poll, Cook, le soir, rentra chez lui, harassé. Vraiment, il lui tardait que tout cela fût fini !.. Il se donnait un mal énorme pour gagner des voix à son patron, avec la claire intuition qu’il perdait son temps. Lui, si régulier d’habitude et si méthodique, quittait maintenant le logis dès le matin, rentrait rarement à l’heure des repas. Mais sa mauvaise humeur se dissipait vite à l’accueil tendre et souriant de sa femme. — Vous voilà donc, Charlie, lui cria-t-elle du plus loin qu’elle l’aperçut. Hein ! que dites-vous