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expliqua le premier lord de la trésorerie, il n’y avait pas de raison pour que les communes n’eussent pas terminé leurs travaux le 22. Mais il convenait qu’une semaine supplémentaire fût réservée aux pairs du royaume pour donner à ceux-ci le temps d’en finir et aux députés la faculté de discuter les amendemens que les lords pourraient introduire dans les bills soumis aux deux chambres. On s’indignait dans le camp de l’opposition, on attribuait des motifs perfides à une conduite assez naturelle, quelque chose comme le désir de reculer la consultation nationale, peut-être d’en affaiblir la portée et le verdict solennel.

M. Cook suivit avec le plus vit intérêt toutes les phases qu’avait traversées la grande lutte qui se préparait. Bientôt, sous sa direction, un état-major d’employés inférieurs se mit en campagne. Il fallut assigner à chacun ses fonctions et sa place. On le vit, pendant les journées qui suivirent, racoler des sub agents (sous-agens), des polling agents (préposés au scrutin), des clerks et des messengers (commis et commissionnaires). Bien que la législation lui conférât le droit de nommer un sous-agent par district de vote, il préféra n’en pas user. Il confia à chacun de ces courtiers électoraux deux quartiers à parcourir et à visiter. Ainsi il effectuait une économie et il limitait, en même temps, le champ des irrégularités et des erreurs, car il est clair qu’avec un personnel restreint, le risque est moindre des excès de zèle qui donnent prise aux chicanes de l’adversaire. Aux polling agents il rappela en quoi consistaient leurs devoirs : assister en personne au scrutin, — demeurer jusqu’à la clôture dans la salle de vote, — s’assurer que ceux-là seuls y prennent part qui figurent sur les registres, vérifier leur identité, signaler les supercheries s’il venait à s’en produire, accepter, pour tout ce qui concerne le bon ordre, l’autorité du président du bureau, enfin surveiller le dépouillement. Restait à engager, — outre les courriers, commis, porteurs, distributeurs de professions de foi, — ces auxiliaires volontaires et non rétribués qu’on appelle des canvassers, véritable armée au service du candidat et dont il importe de dire quelques mots. C’est qu’en effet, lorsque un election agent a fini de recruter l’état-major dont il s’entoure, il s’en faut que sa besogne soit accomplie. Le concours des employés rétribués étant, en vertu de l’act du parlement, strictement limité, une obligation s’impose, celle de faire appel aux services d’une clientèle politique non payée qu’on désigne communément sous le nom d’unpaid agency. Jusqu’où un candidat peut-il aller dans cette voie, de quels procédés peut-il user, voilà la question, et elle est extrêmement délicate. Mener à bien une élection, sans l’assistance de ces partisans désintéressés, constitue une véritable impossibilité. Rien cependant ne semblerait plus aisé que de