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en Suisse, à défendre les racines des souches contre certains champignons parasites dont les ravages souterrains causent bien plus de mal que le peronospora, car les dégâts en sont irréparables ; seulement il faut enfouir le sel préservateur, au lieu d’en asperger la feuille.

Malheureusement, on a signalé au congrès, sans pouvoir indiquer aucun remède, deux maladies nouvelles très graves qui ne sont connues jusqu’à présent que par les dégâts qu’elles causent. D’abord la maladie de Californie, qui a détruit près du Pacifique des vignobles entiers, et pourrait très bien nous envahir un jour ou l’autre, malgré les précautions qu’on a prises pour empêcher l’introduction des cépages californiens, puis un autre fléau encore innomé, qui a pris naissance simultanément cette année-ci dans le Var, le Gard et l’Hérault et amène la mort de la souche à bref délai. Assurément on se passerait d’avoir des fléaux à guérir, mais il est indiscutable que depuis ces trente dernières années la véritable tempête de maladies qui s’est déchaînée sur l’infortuné végétal a eu pour résultat d’obliger les savans à creuser sous toutes ses faces la physiologie des ampélidées, et il est permis d’espérer, sans être trop optimiste, que, la nature de l’accident une fois bien connue, le remède à suivre s’imposera de lui-même, sans trop longues expériences et peut-être sans tâtonnemens.

Parmi les insectes ampélophages, la pyrale a commis et commet encore des dégâts ; on la redoute particulièrement dans les vignes françaises de sable d’Aigues-Mortes. De l’autre côté du Petit-Rhône, les altises ravagent les vignobles de Camargue, au point de rendre la lutte difficile. Autrefois, en Languedoc, on se plaignait beaucoup du « gribouri » ou « écrivain ; » ce petit animal, nuisible aux racines comme le phylloxéra, commettait des ravages fort analogues ; il peut se combattre par le sulfure de carbone comme lui, et, comme lui, respecte les racines des vignes américaines qu’il trouve trop coriaces à son goût. En revanche, les pousses souterraines encore blanches des jeunes greffes offrent une pâture de choix à d’autres insectes : l’opâtre, le taupin obscur et une araignée très nuisible aux plantations nouvelles. Mais nous préférons nous contenter de cette esquisse générale et renvoyer pour les détails aux ouvrages techniques. Ajoutons seulement qu’au point de vue de la défense contre le phylloxéra des souches françaises que ne garantissent ni l’eau, ni le sable, le sulfure de carbone trouve encore son emploi, mais appliqué exclusivement avec le pal, non avec les charrues sulfureuses. En général, les appareils destinés aux traitemens insecticides ou anticryptogamiques tendent à se restreindre en nombre, le public recherchant de plus en plus quelques types reconnus meilleurs et délaissant les autres.