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carbonique dissous dans les eaux d’infiltration. On a fort bien remarqué que dans le cours des années très sèches la chlorose commettait moins de ravages que pendant les années humides, lorsque la pluie entraîne dans les profondeurs du sol une petite quantité de gaz carbonique, qui sert de véhicule au poison. Si le calcaire est divisé ou s’il est tendre, friable, l’attaque en sera facile et la vigne souffrira ; si, au contraire, le même élément se présente en masses compactes et dures, il se diffusera peu de carbonate, et la vigne étrangère prospérera, au grand ébahissement de l’agriculteur trop superficiel qui n’aura pas tenu compte des véritables données de la question. Il faut donc étudier au préalable l’état physique du sol, et, si l’on se décide à planter, on en favorisera la perméabilité par un drainage intelligent qui permette l’élimination des eaux saturées de calcaire.

Comme beaucoup de phénomènes, la chlorose dérive d’une cause essentielle et primordiale, mais atténuée, aggravée ou modifiée par diverses circonstances. On se trouve en présence d’un problème de physiologie végétale dont la solution a été plutôt entrevue que découverte. Aussi ce n’est point par une induction rationnelle et scientifique que nous sommes conduits à parler d’un remède qu’on a tenté d’appliquer, mais simplement par la routine journalière de faits empiriques connus de tous. Chacun sait que les arbres fruitiers souffrent quelquefois d’une maladie analogue ; leurs feuilles jaunissent d’abord, puis le végétal, de plus en plus rabougri, succombe. Eux aussi les platanes des avenues se chlorosent et, chose curieuse, partout où ces arbres languissent ou meurent, la vigne américaine éprouve les mêmes symptômes et disparaît. Il a donc été tout naturel, dès le début des plantations en souches étrangères, de chercher à guérir un mal analogue par un remède semblable à celui qui produisait déjà un bon effet sur les vergers trop chétifs ou les avenues trop inégales<ref> Comme l’a fait remarquer M. Bernard, de Beaune, il est indispensable, lors de l’analyse chimique, de tenir compte de la vitesse d’attaque de la terre calcaire par les acides. Plus la dissolution s’opérera promptement, plus le sol sera sujet à la chlorose. Il faudra, bien entendu, ne comparer à l’échantillon qu’on étudie que des prises de même constitution géologique et recueillies dans les terrains voisins. — Lorsque le calcaire est dolomitique, la magnésie, dont l’effet n’est pas nuisible, se comportera comme la chaux lors de l’attaque aux acides. Si l’analyse qualitative accuse au préalable la présence de quantités notables de magnésie, l’agronome aura soin de la titrer à part et de défalquer cette magnésie du poids total des carbonates solubles dans les acides. </ef>.

On a donc, et depuis longtemps déjà, proposé de combattre la chlorose par l’enfouissement au pied de la souche languissante d’une certaine quantité de sulfate ferreux ou vitriol vert, et souvent