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LA
SPÉCULATION ET LA BANQUE

Nous nous sommes proposé d’atteindre un double but : étudier la spéculation dans ses effets légitimes et dans ses abus, rendre hommage à ce que les premiers peuvent avoir d’utile au développement du bien-être de l’humanité, tout en critiquant les seconds ; puis montrer au public ce qu’est la banque, cette partie si mal connue de l’activité humaine, en définir l’objet et la fonction, prouver enfin qu’elle peut, et, dans certains cas, doit se tenir écartée de toute spéculation.


I.

La spéculation est, comme la plupart des actes de l’homme, bonne ou mauvaise, selon l’usage qui en est fait, selon le caractère de ceux qui s’y livrent, selon la mesure dans laquelle elle est employée. Rien n’est plus malaisé que d’en discourir, car peu de matières sont aussi obscures, aussi incomprises, non pas seulement du public, mais de ceux-là mêmes qui, par profession, peuvent se croire appelés à connaître la question. La spéculation, dans son véritable sens, n’est que l’exercice légitime d’une des facultés de l’activité humaine ; l’injustice est profonde d’englober dans une