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vos butteri de la campagne romaine sont des cow-boys. » Tous les chefs ont plusieurs chevaux à leur disposition. Ils portent des titres qui existaient déjà sans doute quand ceux de comte et de baron n’existaient pas. Le chef de la vacherie s’appelle le massaro ; celui de la bergerie, le vergaro. Ils ont sous leurs ordres un nombre d’hommes qui varie assez peu, au moins dans les grandes exploitations. Ainsi, pour le service d’une masseria de 4,000 brebis, on compte qu’il faut de 26 à 30 personnes. Le minorente, chef des buffles, et le sous-chef, le vece, ont également une vingtaine d’employés au-dessous d’eux…

Les buffles ! ç’a été longtemps un de mes rêves de les voir de près, non pas du chemin de fer, ou lorsqu’ils passent enjugués, hébétés, dans une rue de Rome, tirant un fardeau trop lourd pour des bœufs, mais en liberté, dans les pacages de l’Agro. Je l’ai réalisé, et je dirai comment. Mais cela devient difficile. Ils ont beaucoup diminué dans la campagne romaine. Elle en possédait 5,000 ou 6,000, il y a vingt ans. Sont-ils beaucoup plus de 2,000 aujourd’hui ? On dit que non. Et cependant ces étranges animaux rendent des services qu’on ne saurait demandera des espèces voisines. Je ne parle pas seulement du fromage blanc que donnent les bufflesses, uova di bufale, qui se vend merveilleusement, ni du transport des pierres, — ce sont des buffles qui ont apporté à Rome les assises colossales du monument à la mémoire de Victor-Emmanuel, — mais d’une autre spécialité, qui les rend très utiles dans les pays de marais. Ils descendent dans les fossés bourbeux des Marais-Pontins et autres étangs de la côte, broutant les herbes palustres que la lenteur du courant a laissé foisonner, et puis, parfois, quand tout le troupeau est enfermé entre les bords étroits du fossé, les gardiens à cheval montent sur les berges, piquent les derniers, affolent les autres, pourchassent la bande effarée et galopante jusqu’à la mer prochaine, et arrachent ainsi le reste des plantes parasites.

Il ne faut pas croire, d’ailleurs, comme on le fait trop souvent, que la campagne romaine soit entièrement livrée à l’industrie pastorale. Elle est partout plus ou moins cultivée. Dans chacune de ces tenute, dont un grand nombre comptent de 500 à 2,000 hectares[1], une partie, la plus petite, reconnue susceptible de culture, reçoit la semence du blé ou de l’avoine. On ne la fume pas. À côté des maquis, des marais, des pâturages permanens, il y a des pâturages soumis à la rotazione agraria. Tantôt ils sont labourés tous les quatre ans, donnent une récolte, et redeviennent

  1. D’après l’étude extrêmement curieuse et savante que vient de publier M. Valenti dans le Giornale degli Economisti des mois de février et de mars 1893, la campagne compterait 388 fermes, appartenant à 200 propriétaires seulement. 312 tenute sont au-dessus de 100 hectares. La plus considérable en a 7,400.