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réformes qu’il présente comme nécessaires l’argument excellent des résultats obtenus. Le rendement des impôts en juin dernier est en augmentation de 5 millions de pesetas sur celui de juin 1892, et l’accroissement total des recettes de 1892-1893 sur 1891-1892 est de 32 à 33 millions, plus-value qui a été réalisée presque exclusivement dans les derniers six mois et sous le nouveau cabinet. Il est notoire qu’en Espagne les impôts ne produisent pas ce qu’ils devraient donner, parce que des abus invétérés permettent de dissimuler la matière imposable. C’est à ces abus que M. Gamazo a déclaré une guerre acharnée, ainsi qu’aux innombrables sinécures de l’administration, et l’on ne triomphe d’ennemis de ce genre qu’à force de patience, d’énergie soutenue. Les abus ne se déracinent pas d’un trait de plume ; il n’est pas étonnant que les efforts de M. Gamazo pour rendre la perception plus rigoureuse aient provoqué dans toute la péninsule une furieuse coalition d’intérêts menacés. Au point de vue boursier, la spéculation a très habilement vu le parti qu’elle pouvait tirer des difficultés de l’heure présente contre les acheteurs à terme de la rente Extérieure. De là cette chute de 66 1/2 à 62 1/2, ex-coupon de juillet.

Un autre fonds a été malmené, la rente italienne, mais avec un écart bien moindre de cours. À la fin de juin la cote était 92 environ, le dernier prix est 88.90. Dans l’intervalle a été détaché un coupon semestriel de 2 fr. 17. La baisse est donc seulement de moins d’une unité. Elle est due aux difficultés de report auxquelles se sont heurtés à Paris et à Berlin de fort acheteurs de rente italienne. Le ministère Giolitti est d’ailleurs maître de la situation parlementaire à Rome et la fameuse loi sur les banques est votée, mais le change est élevé et dépasse 5 pour 100.

Les valeurs helléniques semblent enfin arrivées à leurs prix nouveaux de fonds en souffrance. L’obligation 1881 ne vaut plus que 235 et celle de 1884, 228. Le 4 pour 100 du monopole (1887), sur lequel seul a été payé le coupon de juillet, a baissé jusqu’à 230. Le Portugais, un autre de ces fonds auxquels M. Paul Leroy-Beaulieu a donné la pittoresque qualification d’ « avariés, » s’est de nouveau affaissé d’une unité après le détachement d’un coupon de 50 centimes, représentant le tiers de l’ancien coupon semestriel de 1 fr. 50. Le gouvernement de Lisbonne persiste malheureusement à laisser sans solution la réorganisation des chemins de fer de la compagnie royale, où sont engagés les intérêts de tant de petits obligataires français.

Le marché de Vienne est calme, silencieux. La spéculation l’a déserté pour quelques mois. La dépréciation du métal blanc a causé un peu d’émotion dans les cercles financiers et gouvernementaux, bien que le nouveau système monétaire établi sur la couronne, krone, monnaie d’or, soit suffisamment solide pour n’être pas ébranlé par cette