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méthode est si excellente qu’elle a permis de séparer et d’analyser quelques milligrammes de diamant contenus dans 1 kilogramme de la terre bleue du Cap, laquelle est composée de plus de quatre-vingts espèces minérales différentes.

Pour obtenir la puissante pression qu’il jugeait nécessaire à la formation du diamant, M. Moissan eut l’idée d’utiliser la propriété que possèdent certains corps. d’augmenter de volume en passant par refroidissement de l’état liquide à l’état solide. Il plaça de l’argent et du charbon de sucre dans un four électrique et amena le métal en pleine ébullition, une certaine quantité de carbone lut alors incorporée par la masse métallique liquide agissant comme dissolvant ; le lingot incandescent fut ensuite jeté dans l’eau et se recouvrit aussitôt d’une couche extérieure d’argent solide ; quand sa température se fut abaissée au rouge, il fut retiré de l’eau et on le laissa ensuite refroidir lentement à l’air libre. À l’intérieur de la carapace d’argent solide, un noyau liquide contenant du carbone en dissolution subsista pendant un certain temps qui, au moment de sa solidification lente, subit par suite de sa dilatation et de la résistance des parois qui l’enveloppaient une énorme pression à laquelle participait le carbone qu’il déposait par refroidissement. Cette expérience de l’éminent savant fut couronnée de succès et il obtint ainsi une poussière de diamans noirs microscopiques.

À la suite de cette expérience il tenta de nouveaux essais en utilisant le fer comme métal dissolvant. Si l’on sature le fer de carbone à des températures de plus en plus élevées, on obtient par refroidissement (quand la température n’a pas dépassé 1,200 degrés) un mélange de carbone amorphe et de graphite de plus en plus abondant ; si l’on fait intervenir une forte pression pendant le refroidissement, la nature des cristallisations change complètement.

Or, comme l’argent, la fonte se dilate en se solidifiant ; l’utilisation de cette propriété était tout indiquée pour obtenir la forte pression nécessaire, en suivant, lors d’un premier essai, une marche analogue à celle qui avait été employée avec l’argent comme dissolvant.

Tout d’abord l’expérimentateur refroidit la masse de fonte en fusion en la jetant directement dans l’eau, mais il reconnut par la suite que l’expérience donnait de meilleurs résultats quand le culot de fonte était enveloppé de fer doux.

Il opéra de la façon suivante : il comprima fortement dans un cylindre de fer doux fermé par un bouchon de même métal une certaine quantité de charbon de sucre qu’il avait reconnu plus avantageux que le charbon de bois ; puis il introduisit ce cylindre ainsi préparé dans un bain liquide de 200 grammes de fer fondu au four