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translucide. Dans ce fragment, M. Moissan découvrit encore quelques morceaux de diamant noir à la surface chagrinée et M. Friedel y constata la présence du diamant blanc. Une conclusion incidente à tirer de ces études est que le diamant peut exister sur d’autres planètes que la terre.

Ce manque d’homogénéité de la météorite de Cañon Diablo, ainsi que la présence dans son sein de granules de fer innombrables, est expliqué par M. Daubrée par le passage brusque de l’état gazeux à l’état solide de la matière qui forma la météorite, et cette hypothèse de ce savant se trouve confirmée par les expériences de M. Stanislas Meunier, lequel est arrivé à reproduire par ce moyen la constitution hétérogène des météorites.

M. Friedel, qui s’occupe de la solution du problème si passionnant de la reproduction artificielle du diamant, pensa que les élémens chimiques qui composent la météorite de Cañon Diablo n’étaient peut-être pas étrangers à la présence du diamant dans ces masses de fer météorique. Ces élémens étant le fer, le soufre, le nickel et le phosphore, il admit que les deux premiers ont joué un rôle prépondérant dans cette formation du diamant. D’autre part, ses expériences sur les changemens de coloration des diamans du Brésil l’ayant amené à conclure qu’ils s’étaient formés à basse température, c’est dans ce sens qu’il dirigea ses essais.

Il étudia d’abord l’action du sulfure de carbone sur le fer sous pression ; pour cela, il enferma le sulfure de carbone dans une cavité filetée pratiquée dans une masse de fer, puis au moyen d’une vis puissante très bien travaillée, il exerça une pression considérable en agissant sur elle avec une clé. Le sulfure de carbone se décomposa, laissant un résidu de carbone amorphe ; le soufre s’était diffusé jusqu’à une certaine distance dans la masse d’acier.

Ces expériences ne lui ayant donné aucune trace de diamant, il les reprit en faisant réagir en vase clos, à une température voisine de 500 degrés, du soufre sur des copeaux de fonte et pendant un temps assez long ; il obtint ainsi une poudre noire qui rayait le corindon.

Pour contrôler l’existence du diamant existant à l’état naturel dans des milieux diamantifères ou produit artificiellement à la suite d’expériences de laboratoire, la méthode suivie par M. Moissan est la suivante : il traite la masse diamantifère par une série d’acides qui dissolvent les matières autres que le diamant, puis il étudie la densité et la dureté du résidu ; pour l’étude de cette dernière propriété, il frotte la poussière de diamant sur une plaque polie de rubis en se servant d’un morceau de bois dur et il examine à la loupe les stries ainsi produites ; enfin, il chauffe le résidu dans l’oxygène et constate à quelle température se forme l’acide carbonique. Cette