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les diamans microscopiques s’y trouvent en revanche en assez grande quantité, leur présence n’a qu’un intérêt scientifique. En traitant cette terre bleue par des agens chimiques appropriés, on y a déterminé, comme variété de carbone, des graphites de différentes espèces, des cristaux brillans de natures diverses et du carbonado ou diamant noir. Les diamans y sont inclus dans une matière jaune ambrée contenant une forte portion de fer, matière jaune qui se rencontre encore dans les anfractuosités des gros diamans naturels et dans certains culots de fonte.

En mars 1891, des fragmens de fer natif épars sur le sol furent découverts dans l’Arizona (Mexique), près de Cañon Diablo. Ces blocs étaient d’une si excessive dureté que leurs fragmens mirent hors de service des meules à l’émeri, au moyen desquelles on chercha à les user. M. Kœnig y constata l’existence de petites cavités remplies d’une matière noire contenant des diamans de dimensions appréciables, puisque l’un d’eux atteignait un demi millimètre de diamètre. Ces diamans rayaient le corindon.

Dans certaines de ces pierres, auxquelles après de longues hésitations on a été amené à attribuer une origine météorique, les diamans forment des saillies d’un millimètre ; arrondis et noirs, ces diamans sont si durs qu’ils raient même le diamant blanc.

Certains savans, se fondant sur la présence près de ce gîte d’une colline cratériforme dont certaines apparences sembleraient d’après eux déceler une origine volcanique, ont émis l’idée que ce fer provient peut-être d’éruptions antérieures ; quoi qu’il en soit, cette découverte de l’existence du diamant au milieu du fer natif vient confirmer les opinions émises par M. Daubrée touchant l’origine des diamans de l’Afrique australe.

Si on observe une section faite mécaniquement dans l’une de ces météorites, on y voit surtout du fer et aussi du graphite se présentant sous forme d’écaillés, ainsi qu’on le rencontre dans certaines roches métallifères telles que celles du Cumberland.

Le fragment de la météorite de Cañon Diablo, qui a pu être étudié en France, possédait une pointe capable de rayer l’acier, entourée d’une gaine noire formée de carbone et de carbure de fer. Sans homogénéité, ce fragment contenait une poussière impalpable de charbon et un charbon en rubans minces, de couleur marron, analogue à celui que l’on rencontre dans les culots de fonte brusquement refroidie ; il renfermait encore un charbon dense entourant deux fragmens jaunâtres dont l’aspect rappelait celui du boort ou diamant jaune. Ces fragmens très lourds rayaient le rubis ; l’un d’eux, brûlé dans l’oxygène, laissa un résidu de fer, le plus gros mesurait 0mm,7 sur 0mm,3 et était légèrement