Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir recours aux ateliers anglais et aller prendre son tour pour entrer dans un bassin australien.

Lorsque la rade de Nouméa, — assez grande pour contenir plusieurs flottes et défendue contre les tempêtes et contre l’ennemi par sa double ceinture de récifs, — sera pourvue de warfs, de cales de radoub, et d’un arsenal, nous aurons dans le Pacifique un poste d’observation invulnérable et le point de repère le plus enviable.

Croyez-vous que les hommes à qui on devra cette transformation n’auront pas rendu plus de services à la République qu’en se mettant, pour obéir à je ne sais quel scrupule de faux libéralisme, à la remorque d’une poignée de politiciens d’exportation ?

Si je ne me trompe, le programme peut se résumer ainsi :

Comme règle générale, employer les forçats au profit exclusif de l’État ; les soumettre à une gradation raisonnée de sévères épreuves qui permette d’opérer, parmi eux, une sélection ; transformer en colons tous ceux qui auront donné des témoignages irrécusables d’amendement et qui satisferont à certaines conditions de capacité, d’âge, de vigueur physique ; leur faciliter les moyens de se constituer un foyer ; exercer avec le plus grand soin le droit de tutelle sur les nouvelles familles ; instruire les enfans et leur apprendre un métier.

En un mot, garder une puissante main-d’œuvre en utilisant les dix mille transportés maintenus au bagne et, par un large développement donné à la colonisation pénale, fournir au pays des habitans qui lui manquent.


PAUL MIMANDE.