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restriction des emplois que l’industrie offre à l’élite de la jeunesse, par suite de la concentration des usines, sont des faits non moins réels et qui font sentir leur pression sur maintes familles françaises des classes moyennes et supérieures. Il reste et il restera longtemps à nos vieux pays une source très grande de richesses dans les créances qu’ils ont acquises en fournissant aux pays nouveaux les capitaux nécessaires à leur développement, soit en souscrivant leurs emprunts publics, soit mieux encore en y créant des entreprises agricoles et manufacturières. C’est par ce moyen seulement qu’ils peuvent compenser les pertes que l’expansion même de la civilisation fait éprouver à leur industrie et à leur agriculture. Il importe donc de connaître les conditions de développement des divers pays qui entrent en contact avec notre civilisation.

Nous avons dit dans une précédente étude la stabilité politique que le gouvernement sage et ferme du général Porfirio Diaz avait enfin assurée au Mexique et la transformation économique que les chemins de fer y avaient commencée.

Sa position entre l’Atlantique et le Pacifique, au point où la race espagnole et l’anglo-saxonne se rencontrent, lui donnera une grande importance le jour où un canal interocéanique, soit par le Panama, soit par le Nicaragua, sera ouvert. La côte mexicaine du Pacifique sera la première à bénéficier des nouveaux courans commerciaux qui s’établiront. C’est donc un des pays neufs ou arriérés, comme on voudra, dont le développement paraît le plus prochain. Pour l’apprécier, il faut tenir compte à la fois de ses ressources naturelles et de l’état social des populations qui l’occupent.


I

Tous les métaux sont représentés dans les terrains du Mexique ; mais jusqu’à présent les mines d’argent ont seules été exploitées sur de grandes proportions. Avec celles du Pérou, elles alimentèrent le trésor de la monarchie espagnole pendant trois siècles et aujourd’hui encore elles fournissent au pays son principal article d’exportation. Jusqu’en 1874 l’argent mexicain était exclusivement exporté sous forme de piastres que la loyauté relative du monnayage espagnol faisait rechercher particulièrement par les Japonais, les Chinois et les Annamites. On ne les exportait pas et on ne les exporte pas encore directement dans ces pays, parce que le Mexique ne fait aucun commerce avec eux, mais bien à Londres où le marché du métal blanc et le commerce de l’extrême Orient sont concentrés. Pendant longtemps les piastres mexicaines y faisaient prime sur les lingots, à cause de cet emploi. Les exploitans des mines,