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intensité, mais avant tout dans leur direction générale. Car c’est la direction qui importe : en toute chose, il faut considérer la fin. La direction générale de l’organisme, qui, nous l’avons vu, est ou intégrative, ou désintégrative, nous a donné les deux types primordiaux répondant aux sensitifs et aux actifs. Nous avons ainsi obtenu les deux « qualités » fondamentales du tempérament. L’intensité et la vitesse de la réaction interne ne nous fourniront que des subdivisions, mais naturelles et nécessaires. Une fois en possession de ce principe que la vitesse et l’énergie tiennent aux rapports de la dépense et de la réparation, tout peut s’expliquer et s’éclaircir. La direction, l’intensité et la vitesse des métamorphoses intimes de la substance vivante, et principalement de la substance nerveuse, deviennent alors les trois bases d’une classification naturelle des tempéramens.

Ces diverses qualités, en effet, ne se combinent pas au hasard : il y en a qui vont d’ordinaire ensemble. De là quatre combinaisons principales : en premier lieu, des sensitifs à réaction prompte, mais peu intense ; on second lieu, des sensitifs à réaction durable et intense ; en troisième lieu, des actifs à réaction prompte et intense, enfin des actifs à réaction lente et modérée. On verra tout à l’heure pourquoi ces combinaisons sont les plus simples et les plus fréquentes ; elles le sont tellement que les physiologistes et les psychologues, dès l’antiquité, les ont remarquées. Wundt déclare avec raison que l’antique division des quatre tempéramens provenait d’une observation délicate. Certes, nous ne pouvons aujourd’hui admettre les principes faux sur lesquels reposait cette classification : nous ne croyons plus aux quatre humeurs : sang, flegme, bile et atrabile, ni aux quatre principes : chaud, froid, sec et humide. Il n’en est pas moins vrai que les résultats purement empiriques des observations d’Hippocrate et de Galien sur les tempéramens sanguin et mélancolique d’une part, bilieux et flegmatique de l’autre, méritent, avec les rectifications et interprétations nécessaires, d’entrer comme élémens dans une classification scientifique ; mais il faut pour cela les rattacher par déduction aux principes fondamentaux de la biologie, qui peuvent seuls leur donner leur véritable sens.


III

Un premier type de tempérament depuis longtemps admis et dont il est impossible de mettre en doute la réalité, quoiqu’il ne se présente jamais à l’état pur, c’est celui qu’on a nommé le sensitif