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LE
TEMPÉRAMENT PHYSIQUE ET MORAL
D'APRÈS LA BIOLOGIE CONTEMPORAINE

I. Alex. Stewart, Our tempéraments ; Londres, 1892. — II. Bernard Perez, le Caractère, de l’enfant à l’homme ; Paris, 1892. — III. Docteur Azam, Hypnotisme et double conscience ; le Caractère dans la santé et dans la maladie ; Paris, 1893. — IV. Docteur Féré, la Pathologie des émotions ; Paris, 1893. — V. Docteur Letourneau, Physiologie des passions ; Paris, 1878.

Les écrivains à qui l’on a donné le nom de moralistes et qui ont peint des caractères n’ont guère fait porter leurs observations, si fines et parfois si profondes, que sur l’homme en société. On a remarqué avec raison le fond « social » de la littérature, principalement en France : elle roule presque tout entière sur les rapports des hommes au sein du groupe dont ils font partie. La plupart des charmans tableaux de La Bruyère, par exemple, sont-ils autre chose que des portraits sociaux, tracés de main de maître, et peut-on dire qu’ils expriment de véritables « caractères ? » — « Giton a le teint frais, l’œil fixe et assuré, il parle avec confiance… il est riche. » — « Phédon a les yeux creux… il semble craindre de fouler la terre, il marche les yeux baissés, etc. ; il est pauvre. » C’est donc la hardiesse et la timidité résultant de la condition sociale que le grand peintre nous représente. « J’entends Théodecte de l’antichambre ; il grossit sa voix. Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi… Troïle est utile à ceux qui ont trop de bien, il leur ôte l’embarras du superflu, il sauve la peine d’amasser de l’argent, etc. » Nous