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dix fois plus que cette dernière. Si importante, donc, que puisse être la production d’acide carbonique à la surface du globe par les agens énumérés plus haut, nous sommes assurés que la proportion de ce gaz dans l’ensemble de l’atmosphère ne peut varier que dans de très faibles proportions, grâce à la mer et à son rôle d’absorption et de régulation.

L’oxygène, l’azote et l’acide carbonique sont assurément les élémens les plus importans de l’air, au point de vue chimique. Il est cependant d’autres corps qui se rencontrent normalement dans l’atmosphère : comme l’ammoniaque que G. Ville trouve dans la proportion très faible de 24 grammes par million de kilogrammes d’air ; l’acide azotique qu’on découvre dans l’eau de pluie (de 1 à 10 milligrammes par litre d’eau) ; l’ozone, un oxygène condensé, exalté en quelque sorte, sous l’influence de l’électricité atmosphérique. Mais, à la vérité, la proportion qu’occupent ces corps dans l’air est très faible, et il n’y a pas lieu d’y insister autrement ; leur rôle dans la vie des êtres est cependant assez net. Nous en dirons un mot plus loin.


II

Connaissant maintenant les élémens de l’atmosphère, leur proportion dans le mélange aérien, leur mode de production et de destruction, c’est-à-dire leur mode d’équilibration, et tenant pour à peu près établi le fait, — encore controversé, il faut le dire, mais sans grande importance pour la question présente, — que la composition de l’air ne varie guère et demeure fixe dans les limites que nous venons d’indiquer, ayant esquissé le rôle des êtres dans la vie de l’atmosphère, nous pourrons passer à l’étude du rôle de l’atmosphère dans la vie des êtres.

Pour simplifier, nous étudierons isolément le rôle de chacun des élémens constituans de l’air. Le gaz vital par excellence, c’est, semble-t-il, l’oxygène : et c’est par lui que nous commencerons. Chacun sait qu’il est nécessaire à la respiration des animaux et de l’homme : la notion est devenue banale. La physiologie a montré en effet, d’une façon très claire, depuis que l’oxygène a été découvert, à quel point ce gaz est utile. Sans lui, pas de respiration, partant, point de vie. L’homme en consomme beaucoup. L’air inspiré renferme en moyenne de 20 à 21 volumes d’oxygène ; l’air expiré n’en contient que 16 volumes. Quatre volumes ont donc été absorbés par l’organisme, et en vingt-quatre heures nous en retenons plus de 740 grammes ; soit 516,500 centimètres cubes, ce qui fait