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REVUE MUSICALE


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Théâtre de l’Opéra : la Walkyrie, de Richard Wagner. — Théâtre de l’Opéra-Comique : les Pêcheurs de perles, de G. Bizet ; Phryné, de MM. Augé de Lassus et C. Saint-Saëns.


Une vierge guerrière et fille d’un dieu, punie et déchue de sa divinité pour avoir, contre la volonté de son père, compati aux souffrances humaines et protégé d’humaines amours, voilà au fond tout le sujet de la Walkyrie. La vierge s’appelle Brunnhilde ; son père, Wotan ; Siegmund et Sieglinde sont les noms des deux amans. Il n’est pas besoin d’en savoir davantage pour comprendre et pour admirer ce qu’il y a d’intelligible et d’admirable dans le drame lyrique de Richard Wagner. Que la Walkyrie soit précédée de l’Or du Rhin et suivie de Siegfried et du Crépuscule des Dieux, n’en ayez aujourd’hui nul souci. Ne vous mettez en peine ni de la cosmogonie ni de la théogonie préhistorique et scandinave ; ignorez la primitive répartition du monde entre les nains, les géans et les dieux. Que les deux Eddas, celle de Sœmund le sage et celle de Snorre Sturleson, vous demeurent également étrangères. N’allez pas vous embarrasser du Nibelung-Nôt, des Wälsunga-Saga, Nifflunga-Saga et Sigurdarkvida-Fafnirsbana. Dans la Walkyrie même, écartez les détails de mythologie, négligez les scandales de famille : adultères de Wotan, inceste de Siegmund et de Sieglinde ; ce sont là moeurs des héros et des dieux, au nord comme au midi, dans le Walhalla comme sur l’Olympe. Enfin, pas plus qu’à tout admirer,